La délinquance juvénile et la prostitution se sont désormais incrustées dans le décor représentant le paysage du boulevard Charlemagne et des venelles situées dans ses alentours immédiats. Naguère, lieu de promenade et représentant tout un pan de l'histoire contemporaine de la cité, ce boulevard, qui est la continuité de l'une des trois principales artères du centre-ville, s'est malheureusement transformé en un véritable coupe-gorge au grand dam des riverains qui, de guerre lasse, ont fini par se résigner à ce triste sort. Leurs nombreux appels, formulés à travers des requêtes adressées aux autorités et dans lesquelles ils revendiquent une opération d'assainissement, sont tous restés lettres mortes. « A croire qu'on fait ça à dessein pour salir la ville ! », dira ce commerçant découragé par cette situation déplorable. Cet état de fait est à l'origine de l'inéluctable dégradation de cette partie de la ville, qui a pris une grande ampleur au fil du temps. « Les rixes entre bandes rivales pour le contrôle des lieux, le racolage et les agressions à l'arme blanche caractérisent l'essentiel de l'ambiance », affirme le commerçant installé depuis près de 30 ans au niveau de ce boulevard. Notre interlocuteur fait encore remarquer que « les activités commerciales en pâtissent, notamment après la fermeture des débits de boisson à partir de 17 heures et les jours fériés. Certains gérants ont été obligés de mettre la clé sous le paillasson. » Le même son de cloche, soulignant l'insécurité et le fléau de la prostitution « au grand jour », résonne chez un ancien habitant des lieux qui avoue, avec une pointe de dépit, avoir précipité la transaction de son logement. « Je l'ai cédé à bas prix, quelques mois après avoir été victime d'une agression au pied de l'immeuble où je résidais. Les individus, auteurs de l'agression, font partie d'une bande qui écume toujours les lieux. J'ai eu peur pour ma famille », révèle ce quinquagénaire. Les jours fériés et à la tombée du soir, les lieux sont investis par une meute de revendeurs à la sauvette de boissons alcoolisées. Les badauds et les automobilistes sont assaillis par des individus, au faciès plus que louche, qui proposent à la vente de l'alcool et des liqueurs frelatés. Et en guise d'une dernière touche noire au tableau déjà terne représentant le paysage de ce boulevard, un ballet de jeunes femmes de mœurs légères se meut ostentatoirement de jour comme de nuit, agressant ainsi le regard du plus imperturbable. Elles exercent leur métier dans les hôtels miteux qui pullulent dans le secteur du centre-ville devenu malfamé par la force des choses et l'inertie de l'autorité locale.