C'est un fait connu : bien qu'ils soient plus instruits, les jeunes sont les premières victimes du chômage. Une récente étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) révèle que les jeunes citadines sont les plus exclues de l'emploi décent. Parmi les jeunes, le chômage des jeunes filles citadines est, d'après le Cread, proche de 50% en 2006. Le taux de chômage des jeunes est quatre fois plus important que celui des adultes. Les chercheurs du Cread parlent de « discrimination » envers les femmes et les jeunes dans le marché du travail. « Le taux de chômage moyen national, d'après les données de l'ONS, a enregistré une baisse entre 2005 et 2006, passant de 15,3% à 12,3%. Mais celui des jeunes (16-29 ans) a enregistré une hausse durant la même période, passant de 27,4% à 28,7%. Ce constat démontre, si besoin est, que les jeunes sont toujours victimes du chômage, même dans une situation d'aisance financière », explique Mohamed Saïb Musette, chercheur au Cread. Il souligne que deux chômeurs sur trois sont des jeunes. Paradoxalement, la baisse du taux de chômage ces dernières années s'est accompagnée par une hausse du chômage juvénile. Le taux de chômage des adultes (de 30 à 59 ans) est estimé à 6,3% en 2006 contre 13,1% en 2005. Pour les femmes en milieu urbain, le taux de chômage est quatre fois plus important que celui des hommes, passant de 1,5% en 2005 à 6% en 2006. « Le taux de chômage des jeunes hommes est resté plus ou moins identique entre 2005 et 2006, soit 26% ; par contre, le taux de chômage des filles est passé de 32,2% en 2005 à 38,6% en 2006, avec une pointe de 49,8% pour les citadines contre 24,7% dans les zones rurales », peut-on lire dans l'étude du Cread. L'un des freins à la lutte contre le chômage est, indique le Cread, les « idées reçues » sur l'emploi en Algérie. « Surmonter ces préjugés est une étape essentielle pour élaborer de nouvelles stratégies d'inclusion des jeunes dans le monde du travail », estime le rédacteur de l'étude. Parmi les « préjugés » relevés par l'Organisation internationale du travail (OIT) figure notamment le fait de penser que dans la mesure où les jeunes sont plus instruits, ils trouveront du travail plus facilement, que les jeunes aiment « faire le tour » pour trouver le meilleur emploi ou que les jeunes constituent un groupe homogène et les stratégies de résolution des défis des jeunes sur le marché du travail peuvent être appliquées de manière uniforme à l'intérieur du pays. « Il existe de nombreux sous-groupes de jeunes confrontés à une discrimination basée sur les origines familiales et tribales, l'âge ou la situation géographique ou encore selon les statuts sociaux (jeunes migrants, jeunes femmes, jeunes ruraux) », dénonce l'étude du Cread. Cela entraînerait, selon l'étude, une forme de « découragement » des jeunes chômeurs qui les dirigerait vers le secteur informel.