Soutenue par l'agence algérienne de rayonnement culturel, Cirta Films, diffuse en Algérie le film consacré au célèbre avocat. Retenu dans la sélection Un certain regard du Festival de Cannes, L'avocat de la terreur, film documentaire de plus de 2 heures, sera présenté à la Salle Ibn Zeydoun d'Alger aujourd'hui, en présence de Me Jacques Vergès et de ses invités. Le film a déjà fait couler déjà beaucoup d'encre. Il ne pouvait en être autrement avec un personnage aussi controversé, à la fois vilipendé et adulé, secret et public… Le film ne déflore pas le mystère de sa disparition durant huit ans (1970-1978) sur laquelle d'innombrables hypothèses ont circulé, l'intéressé ayant déclaré une fois qu'il se trouvait « très à l'est de la France » ce qui, vu la rotondité de la terre, donne une amplitude géographique quasi-infinie ! Cependant, le long métrage apporte un éclairage passionnant sur la vie et l'œuvre (on peut parler de cela, le concernant) de cet avocat qui est sans nul doute l'un des plus étonnants de toute l'histoire de la justice. Né en 1925 en Thaïlande, d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne, il s'est distingué par ses convictions anticolonialistes et notamment par la défense des combattants du FLN. En 1962, son attachement à l'Algérie l'amène à occuper des fonctions importantes aux Affaires étrangères. Il est alors l'un des fondateurs de Révolution Africaine. Ses démêlés avec le pouvoir l'amènent à quitter le pays. Il retourne à Paris et fonde un journal d'obédience maoïste. En 1965, la prise du pouvoir par Houari Boumediène lui permet de revenir et d'exercer au Barreau d'Alger où il serait toujours inscrit. Puis, en 1970, la fameuse absence... Dès son retour, il relance sa carrière qu'il définira notamment par le concept de « défense de rupture » avec des procès fortement médiatisés, des thèmes explosifs et des clients très contestés. On y retrouve, présumés ou convaincus de leurs délits ou crimes, des nazis, des meurtriers de droit commun ou politique, plusieurs présidents africains et plusieurs terroristes dont le célèbre Carlos. Sa défense d'Omar Ramda, travailleur marocain accusé du meurtre de sa patronne, complète sa notoriété et il défend actuellement la famille d'Ivan, enfant de 12 ans qui s'est jeté par la fenêtre lors de l'interpellation de ses parents sans papiers en août dernier. Il est remarquable que lors de la défense du criminel Barbie, la campagne dont Vergès fit l'objet se soit montrée si discrète sur sa participation à la résistance contre l'occupant allemand. Le réalisateur du film, Barbet Schroeder, est également un personnage inclassable. A la fois producteur (de Rohmer entre autres), réalisateur, acteur, scénariste ou acteur, ce français né à Téhéran en 1941, a été aussi critique avant d'être assistant de J.L. Godard. On lui doit les films cultes de la période hippie (More et La Vallée). Il a réalisé aussi Burfly avec Mickey Rourke et Faye Dunaway, L'Enjeu avec Andy Garcia. Avec Le mystère Von Bulow, il a frôlé en 1990 l'Oscar et les Golden Globes pour lesquels il était nominé. Il a trouvé aussi le temps de petits rôles dans Le flic de Beverley Hill 3 ou dans Mars Attacks ! Avec le titre du film L'avocat de la terreur, Schroeder a voulu sans doute se démarquer de son sujet. Pas de quoi égratigner Vergès qui a intitulé, son autobiographie Le salaud lumineux !