Hachemi Zertal est distributeur de films en Algérie (Cirta films), il parle de la difficulté de proposer des films récents. La distribution de films en Algérie est rare ou quasi inexistante… Oui ! On se bat pour mettre à la disposition du public algérien des films nouveaux dont il est informé par internet, les chaînes satellitaires étrangères. Le public suit les sorties mondiales. Présenter des films sur grand écran est notre mission. (par rapport au DVD piraté). Il y a aussi le problème des salles de cinéma… C'est vrai, on est limités par le nombre réduit de salles de cinéma, même au niveau d'Alger. Heureusement que cette année, il va y avoir la réouverture des cinémas l'Algeria et l'Afrique, après celle de Sierra Maestra, et ce, à l'issue de travaux de restauration. Aussi, cela va nous permettre de programmer des films. Pour susciter l'engouement du public, il faudrait des films récents… Oui, à quoi cela sert-il de restaurer des salles de cinéma pour des centaines de millions de dinars pour ne pas s'adapter à la réalité et ne pas programmer des films sortant dans le monde entier. Des films que nous voyons en même temps à Damas, Beyrouth, le Caire, Tunis, Casablanca, Paris ou encore New York. Le public algérien est averti en matière de cinéma. Le problème qui est posé aujourd'hui, au niveau du ministère de la Culture, c'est d'acquérir le visa d'exploitation du film permettant au distributeur de sortir le film de la douane (dédouanement), à condition de présenter un DVD du film. Or, dans la chronologie du merchandizing du cinéma, le DVD n'est disponible que six mois après la sortie commerciale du film. Nous, en tant que distributeurs, en l'occurrence Cirta films qui lutte pour la légalité respectant ce processus, je me vois obligé de présenter un DVD piraté pour avoir le droit de payer les taxes, les frais de douane, mettre à la disposition du public le film-cinéma dans une salle. Je trouve cela immoral d'acheter un DVD piraté et de le présenter au ministère. C'est ce qui est arrivé avec le film Very Bad Trip, une comédie où il n'y a rien d'indécent. Et mon film est bloqué depuis trois mois et demi au niveau de l'aéroport d'Alger. Et au ministère, on me demande de ramener le DVD. Chose que j'ai refusée. Parce que de toute manière, le DVD se trouve déjà dans les étals de tous les vidéoclubs d'Algérie. Il a fallu que j'attende la période des six mois pour envoyer le DVD officiel de Warner au ministère. Et je continue tous les jours à payer les frais de magasinage au niveau de l'aéroport. Vous voulez dire qu'il est difficile de distribuer des films en Algérie… Malheureusement, par exemple, les Algériens ne pourront pas voir Avatar de James Cameron dont les DVD piratés inondent le marché parallèle. Le DVD officiel ne sortira que six mois plus tard. Je dois sortir des films comme Esther, Invictus de Clint Eastwood qui est d'actualité, la réconciliation à travers le sport. Cependant, pour le films Harraga de Merzak Allouache, il n'y a pas eu de problème. Il sort cette semaine à Alger. Vous êtes aussi producteur de films… Oui, je suis producteur du film La Chine est encore loin de Malek Bensmaïl. Un long métrage documentaire qui n'est pas encore sorti en Algérie. Mais demeure le problème de la programmation des films documentaires. L'expérience du film documentaire L'Avocat de la terreur avec Jacques Vergès est amère. L'on a jugé inutile de passer ce genre de film sous prétexte que ce n'est pas intéressant à programmer. Je pense qu'avec l'ouverture du Multiplex à Bab Ezzouar (Alger), on aura enfin une gestion et une exploitation privée. Une offre de huit salles et de choix des films, permettant enfin la réhabilitation du cinéma. Et par conséquent, concilier et réconcilier les différents publics avec le cinéma de par des films arabes, américains, européens, films pour enfants ou encore d'auteurs. L'ouverture du Multiplex aux normes internationales est prévue pour ce printemps 2010.
