L'Egypte demeure très rancunière envers l'Algérie et ne se cache pas de le montrer. A voir les images retransmises, hier vendredi, par l'ENTV, via la chaîne Egypt TV, Moubarak était distant et froid avec Bouteflika. Ce fut le cas notamment au cours de la procession derrière le cercueil de Yasser Arafat, placé sur un affût de canon tiré par des chevaux. Tout le long du parcours, le président égyptien a tenu à avoir, constamment à ses côtés, le président tunisien Zine el Abidine Ben Ali (du côté gauche) et le prince héritier saoudien Abdallah ben Abdel Aziz (du côté droit). A un moment, le prince saoudien a ralenti, vraisemblablement exprès, pour laisser avancer le président Bouteflika de telle manière que ce dernier puisse se mettre à côté de Moubarek. En vain, puisque notre président dut se mettre à discuter avec le roi de Jordanie Abdellah II et le président yéménite Ali Abdallah Saleh. Ce dernier reprendra sa place à côté du prince saoudien et Bouteflika reculera pour se remettre au deuxième rang de la procession. Les Egyptiens créeront, par la forme d'organisation adoptée des funérailles de Yasser Arafat dans leur pays, la confusion à l'entrée de la base aérienne Almaza. Dans cet aéroport militaire, les chefs d'Etat arabes se sont alignés alors que le cercueil de Arafat allait être placé dans un avion militaire C-130, tandis que la garde républicaine présentait les armes et qu'étaient exécutés les hymnes nationaux palestinien et égyptien. On verra ainsi Moubarak toujours entouré du Tunisien Ben Ali et du Saoudien Ben Abdelaziz, alors que le président soudanais Omar El Bachir se mettait à côté du prince saoudien et le président bangladais Tajuddin Ahmed à côté du président tunisien. Il y aura l'apparition surprise du président syrien Bachar Al-Assad, dont le déplacement n'a pas été annoncé puisque les autorités de Damas étaient en brouille avec Yasser Arafat. Le président algérien n'apparaissait pas, ce qui donne un avant-goût de ce que sera le prochain sommet arabe qui se tiendra à Alger en mars 2005. Un indice : le président algérien a été accueilli, à son arrivée à l'aéroport international du Caire, par le ministre égyptien du Pétrole Sameh Fahmi, l'ambassadeur d'Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar, et des membres de l'ambassade. L'Algérie, dont son chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem, n'a cessé, à maintes occasions, d'insister sur la réforme de la charte de la Ligue arabe et son mode de fonctionnement, irrite l'Egypte. « Oum Dounia » voit d'un mauvais œil le retour en force de l'Algérie sur la scène internationale. D'ailleurs, les autorités du Caire ont tout fait pour organiser les funérailles officielles de Yasser Arafat chez eux dans une tentative de redorer leur image de marque ternie. Le pays est mis en mal par les effets de la fusillade de Louxor, de la mort de touristes français à la suite du crash en janvier dernier d'un avion à Sharm Cheikh et des derniers attentats de Taba.