Terroristes, voyous, délinquants, drogués, vauriens, etc., telles sont les insultes auxquelles les Algériens ont eu droit de la part des diverses chaînes satellitaires égyptiennes. Ces dernières se sont lancées dans une campagne de dénigrement des plus abominables à l'encontre de tout ce qui représente l'Algérie. Deux jours durant, des basses calomnies ont défilé sur toutes les lèvres des animateurs vedettes des Nile TV, Al-Hayet, Al-Misria, Dream 1 et Dream 2, pour ne citer que celles-ci. Ces chaînes se sont transformées, le temps d'une manœuvre de diffamation, en des armes de destruction médiatiques utilisées sans la moindre vergogne contre l'Algérie dans le seul but de la traîner dans la boue. Tout a commencé à la fin du match décisif de Khartoum où les Fennecs ont remporté haut la main leur billet pour le Mondial. L'Algérie, qui sera donc le seul pays arabe à disputer la Coupe du monde, a, dès le coup de sifflet final, encaissé toutes sortes d'injures que ces chaînes satellitaires ont livrées à la pelle à leurs téléspectateurs. Pis, ces chaînes ont versé carrément dans le mensonge et la manipulation en accusant les supporters algériens d'avoir agressé et violenté des Egyptiens. Une accusation sans le moindre fondement puisque les services de sécurité soudanais ont minimisé les dépassements enregistrés après le match d'Oum Dourmen. La police de Khartoum a fait état de quelques échauffourées qui n'ont en aucun cas dégénéré. Malheureusement, loin de toute éthique professionnelle, les médias égyptiens ont monté une machination qui a dénaturé entièrement la tournure des événements. Les télévisions égyptiennes ont usé de tous leurs moyens pour faire croire à leurs téléspectateurs que des Algériens, sauvages et barbares, c'est le vocabulaire employé, ont «égorgé» des supporters égyptiens, «violé» des femmes, «saccagé» des bus et des avions égyptiens. Tout le monde l'aura compris, ces accusations fantaisistes ont été puisées dans le riche et controversé imaginaire cinématographique du Caire. Fort heureusement, le Soudan, par le biais de ses autorités qui ont convoqué à ce propos l'ambassadeur égyptien, a tenu à démentir et condamner ces graves diatribes fondées sur les mensonges et les affabulations. Le Soudan, qui a officiellement démenti ses «fausses informations» diffusées par les médias égyptiens, s'est même offusqué de la haine que distille cette campagne de dénigrement soigneusement préparée par les télévisions égyptiennes, dont le contrôle, bien entendu, n'échappe guère au régime de Moubarak. C'est dire que la main diabolique du pouvoir égyptien est bel et bien derrière ce lynchage médiatique orchestré contre l'Algérie. Toutefois, ce lynchage a vite dépassé les limites rouges lorsque les animateurs égyptiens ont commencé à fouler aux pieds, l'image n'est nullement forte au regard des propos infamants de ces journalistes, les symboles mêmes de la dignité de notre pays. Du drapeau national jusqu'aux martyrs de la révolution, ces chaînes se sont attaquées au peuple algérien dans ce qu'il a de plus cher. A les entendre, Alger aurait dépêché des paramilitaires et des repris de justice pour s'en prendre aux supporters égyptiens. De mémoire d'homme, on n'avait jamais connu une telle escalade médiatique après un simple match de football. Ne se contentant guère des insultes et des injures, ces mêmes chaînes de télévision sont allées jusqu'à appeler à la guerre entre les deux peuples ! Jugeons-en. Les deux animateurs de l'émission «Bait baitek», diffusée sur ESC 1, ont appelé au meurtre contre les Algériens vivant en Egypte. «L'Egypte a été agressée par l'Algérie. Nous sommes en guerre et nous allons réagir par tous les moyens», ont ajouté les deux animateurs. L'effronterie les a poussés dans leur folie furieuse à demander des excuses officielles de la part du président Bouteflika. «On n'acceptera que les excuses de Bouteflika», a dit l'un des animateurs. Sur les plateaux de Nile TV et Dream TV, des personnalités politiques et publiques égyptiennes, des députés du parti au pouvoir, des juristes et avocats n'ont pas hésité à traiter tous les Algériens de «voyous» et de «terroristes» tout en exigeant de leur gouvernement de revoir ses relations avec l'Algérie, voire de les couper pour certains. Dans l'émission phare de Nile TV, «Dairettes El-Daou», le cercle de lumière, des personnalités sportives, des artistiques et politiques majeures de l'Egypte ont exprimé le vœu de ne plus entretenir des relations diplomatiques avec l'Algérie. On le voit bien, ce déchaînement médiatique cache des arrière-pensées politiques très dangereuses. Enfin, face à ces hostilités médiatiques, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a convoqué l'ambassadeur d'Egypte à Alger. Au cours de cette audience, il a chargé l'ambassadeur, selon le communiqué rendu public hier, de transmettre aux autorités de son pays l'incompréhension et la grande préoccupation des autorités algériennes devant l'escalade de la campagne médiatique. Mourad Medelci a exprimé sans détour l'espoir qu'il soit mis instamment un terme à cette campagne qui ne sert pas les intérêts des deux pays et des deux peuples. En tout cas, une chose est sûre, ces télévisions égyptiennes ont marqué de leur sceau indélébile les relations entre les Algériens et les Egyptiens… A. S.