Rachid Fatmi, wali de Béjaïa, a mis fin hier aux fonctions de Boualem Madi, président de l'APC du chef-lieu (élu sur une liste FLN) pour « négligences graves dans la gestion des affaires de la commune ». La conduite des affaires de la municipalité se retrouve désormais confiée au secrétaire général de l'administration communale, probablement jusqu'au renouvellement de l'assemblée à l'issue des élections de fin novembre prochain. Cette mesure extrême était dans l'air depuis avant-hier déjà, soit au lendemain des inondations qui ont touché la ville de Béjaïa dans la mesure où le premier responsable de la wilaya dans une déclaration faite à la radio locale a clairement tenu l'exécutif communal pour responsable de l'ampleur des dégâts citant à l'occasion les graves manquements aux mesures devant être prises avant la saison des pluies — soit simplement le curage saisonnier des quelque sept cours d'eau qui traversent la ville et qui, samedi dernier, ont tous vomis leur trop-plein dans les rues. Le wali avait conclu son intervention par un sec : « Des sanctions vont tomber ! », et l'on sait désormais sur qui. Celles-ci viennent donc de cibler un élu dont le bref passage à la tête de l'assemblée (à peine trois mois) aura été marqué par une protestation permanente des autres élus, y compris ses propres pairs de la majorité FLN. Pour rappel, M. Madi a été nommé aux affaires de la commune sur décision du wali et après vacance du poste à l'issue de la suspension qui avait touché le maire élu, M. Bouaoudia, dans le sillage d'une affaire en justice l'opposant à l'un des membres de sa propre majorité (un embrouillamini qui en dit long sur la qualité du mandat finissant du FLN à l'assemblée). La sanction n'émouvra sans doute pas beaucoup de monde à Béjaïa au vu donc du mandat pour le moins calamiteux de l'assemblée sortante et du vif ressentiment populaire à l'égard de l'APC et qui n'a fait finalement que s'exacerber après les inondations de samedi dernier. La ville des Hammadites, qui venait d'échapper à une véritable catastrophe, s'était retrouvée défigurée en douar vaseux et aux assises fragiles parce que la pluie s'est permis une exception à la moyenne saisonnière. Cela peut-il se réduire à la seule responsabilité d'un président d'APC ? L'opinion et avec elle le bon sens tranchent que non. C'est pour cela que la contestation avait aussi visé plus haut puisque les services de la daïra et derrière eux ceux de la wilaya pouvaient bien pallier les insuffisances criantes du staff à l'APC du moment que le constat de carence est fait au niveau des centres de décision. La logique voudrait que la commune du chef-lieu qui plus est ville destination et l'une des plus emblématiques du pays ne soit pas gérée comme n'importe qu'elle autre commune de l'intérieur de la wilaya. L'on attend toujours la concrétisation d'un projet visant la protection de la ville de Béjaïa des inondations après des épisodes catastrophiques vécus au début des années 2000. La Soummam en était simplement arrivée à déborder sur le tarmac de l'aéroport. C'est dire encore une fois que la ville qui connaît cycliquement des précipitations d'exception et dont le relief l'expose au risque de l'envahissement par l'eau n'en est pas à sa première épreuve dans le domaine, même si les dernières inondations ont eu un caractère fulgurant assez inédit.