Apparemment, rien ne va plus au FLN. La grogne a atteint un seuil jamais égalé. Des militants et des cadres influents du vieux parti ne demandent pas, mais exigent le départ de la direction, à sa tête le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. Ils estiment que le parti est en danger, d'où la nécessité d'aller vers un mouvement de redressement. « Il est temps de passer à l'action afin de mettre fin au comportement des gestionnaires du parti. Les agissements des sept membres de la direction portent énormément préjudice au parti », ont relevé les membres de la cellule de suivi de la crise qui secoue le FLN depuis les dernières élections législatives. Les responsables de la cellule ont déjà arrêté une série d'actions. « les résolutions du 8e CONGRÈS NON RESPECTEES » Dans un premier temps, ils comptent organiser vendredi prochain des sit-in à la même heure à travers toutes les 48 mouhafadhate du pays et pour mieux marquer leur mécontentement, ils appellent à un rassemblement au niveau du siège national situé à Hydra, le 8 novembre. « Nous ne pouvons pas assister à la disparition du FLN sans agir. Notre formation est la cible d'un groupuscule qui veut carrément sa destruction », a expliqué M. Azzi, membre de la cellule. Les militants sincères du FLN, pour reprendre la formule de M. Mekhalif, ex-député et meneur de ce mouvement de redressement, semblent décidés cette fois-ci à ne point lésiner sur les moyens pour remettre le parti sur les rails après tant d'années d'instrumentalisation, d'ostracisme et de déviation. La confection des listes des candidats aux prochaines élections est la goutte qui a fait déborder le vase. « La crise au FLN a débuté lors de la préparation des élections législatives. Le secrétaire général n'a pas respecté les textes de lois régissant le parti. Il est parti à contre-courant des résolutions issues du 8e congrès unificateur tenu en janvier 2005 », ont tenu à préciser les signataires de la déclaration portant récit du risque de l'effondrement du FLN. M. Mekhalif expliquera que le FLN a subi deux terribles saignées, l'une lors des élections législatives, et l'autre lors des sénatoriales, et aujourd'hui la situation ne diffère nullement. « C'est la saignée au FLN », s'inquiètent les membres de la cellule. Plusieurs militants et pas des moindres ont quitté le parti et se sont inscrits sur d'autres listes, certains ayant même été responsables de mouhafadha ont tout simplement rejoint d'autres partis. « Le FLN n'a jamais connu une situation pareille. La mauvaise gestion de la direction actuelle est impardonnable. Le secrétaire général et ses compagnons gèrent le FLN comme étant une entreprise privée », a tonné un membre de la cellule qui conteste et condamne le choix des mouhafedh qui sont désignés et non élus. Echecs en cascade « L'assemblée générale est la seule habilitée à élire le secrétaire général de la mouhafadha. Aujourd'hui, à la veille des élections locales, la direction générale du FLN a désigné ses éléments à la tête des mouhafadhate. Nous considérons cet acte comme étant une insulte aux militants du parti », a souligné un cadre du parti qui fera remarquer que plusieurs moudjahidine, des représentants de quelques organisations de masse affiliées au parti et des sympathisants ont rallié le banc de la contestation. « Des candidats à l'APC poursuivis par la justice sont imposés par le président de la commission, d'autres impliqués dans des scandales financiers ont été classés en tête de liste. Tous les militants compétents ont été non seulement marginalisés mais chassés par la direction », a soutenu un membre de la cellule qui s'est réjouit du fait que dix autres mouhafadhate ont rallié le mouvement de contestation « après l'annonce des listes des candidats retenus pour la gestion des APC. Nous avons lancé un appel pour l'organisation des sit-in et 37 mouhafadhate ont répondu favorablement. Aujourd'hui, nous avons enregistré l'adhésion de toutes les mouhafadhate », s'est félicité M. Mekhalif. Toutefois, ce dernier a tenu à rappeler les échecs en cascade essuyés par le parti depuis les élections législatives. « C'est la chute à tous les niveaux. Nous étions plus de 200 députés, nous avions le contrôle de plus de 800 APC. 43 APW étaient à majorité FLN. Aujourd'hui, nous avons reculé. Il y a à mon sens une volonté de casser le parti. Cette situation est voulue », affirment les membres de la cellule. Par ailleurs, pour mieux noircir le tableau, les contestataires regrettent que la direction du FLN n'a même pas daigné réagir par rapport au scandale qui a secoué le secteur de l'éducation relatif aux erreurs dans les manuels scolaires. « Les anomalies enregistrées dans le livre d'histoire destiné aux élèves de 5e année primaire est un scandale qui interpelle l'ensemble des citoyens, en premier lieu le FLN. La direction n'a malheureusement pas réagi. Cela dénote le laisser-aller qui règne au FLN et le pourrissement », expliquent les membres de la cellule de crise.