Abdelhamid Si Affif a ouvertement critiqué le secrétaire général sur sa gestion des affaires du parti. Rien ne va plus au FLN. Le rang des mécontents s'élargit. Après les anciens militants, des membres proches de Abdelaziz Belkhadem affichent leur insatisfaction. Tous avouent que la gestion du parti manque de rigueur. La proposition de renouveau du parti est, apparemment, la goutte qui fait déborder le vase. Abdelhamid Si Affif, membre de la direction politique du parti, reconnaît que le secrétaire général a failli dans sa mission. Contacté par L'Expression à propos de l'initiative de renouveau du FLN, lancée par le groupe Abderazak Bouhara, Si Affif s'est montré prolixe. «Le problème qui se pose actuellement est lié à la gestion», a-t-il affirmé. Si Affif n'a pas mâché ses mots pour critiquer ouvertement la conduite du patron du FLN. Il a expliqué que le problème ce n'est pas Bouhara, mais est plus grave qu'on ne l'imagine. En termes plus clairs: «Il y a un groupe qui n'a pas saisi la notion de rassemblement des militants du parti». Développant ses idées, notre interlocuteur a fini par «lâcher» le morceau. «Le secrétaire général n'a pas été ferme pour résoudre la situation qui prévaut au sein du parti», a-t-il dit, en ajoutant: «Malheureusement, il n'a pas compris.» Selon Si Affif, le patron du FLN a raté de nombreuses opportunités pour mettre de l'ordre dans sa maison. La situation que traverse actuellement le FLN, a-t-il précisé, est en quelque sorte le résultat d'une gestion approximative. «Dans la politique, il faut savoir trancher sans hésiter», a-t-il expliqué. Notre interlocuteur a reproché à Belkhadem de ne pas avoir été sévère dans sa prise de décision. «Tout homme politique qui hésite et ne sait pas ce qu'il veut échoue», a-t-il affirmé. Si Affif trouve tout à fait normal que l'absence de débat mène à une situation de malaise. «Nous avons proposé au secrétaire général des solutions pour régler la crise, en vain», a-t-il avoué. Et de renchérir: «Le secrétaire général n'obéit qu'à lui- même.» En d'autres termes, il n'en fait qu'à sa tête. Cet aveu qui émane d'un proche collaborateur du secrétaire général du vieux parti traduit réellement le malaise qui règne au sein du FLN. Il faut reconnaître que la confection des listes de candidatures (notamment celles des législatives de mai dernier) est à l'origine de fissures dans les rangs du parti. L'initiative de renouveau du FLN juste après les élections locales, a fait souffler un vent de tempête dans la maison du vieux parti. Des militants influents sont favorables à cette proposition de renouveau. Voulant démontrer le poids de cette réflexion, Abdellah Bousenane, sénateur du tiers présidentiel, a indiqué que «les "dinosaures" du FLN sont d'accord». Selon lui, même les ministres ne sont pas satisfaits de la gestion de leur chef. Les initiateurs de cette proposition ne comptent pas en rester là. Bien au contraire, ils veulent aller jusqu'au bout. Des copies du document ont été envoyées à tous les militants et même au président de la République. Rendue publique samedi, la contribution des anciens militants continue de faire grand bruit. Au siège national du parti, la direction est mise à l'épreuve. Contacté à ce sujet, le porte-parole du FLN, Saïd Bouhadja, s'est montré plutôt serein. «S'il y a des propositions intéressantes, elles sont les bienvenues», a-t-il déclaré, en affirmant que le débat est ouvert. Le document en question sera probablement programmé dans le menu de la réunion de l'instance exécutive prévue samedi prochain. Le porte-parole a démenti les informations rapportées par la presse annonçant Amar Saâdani comme prochain patron du Front de libération nationale. «Ces informations ne sont pas fondées, ce ne sont que des rumeurs», a-t-il assuré. A la question de savoir si un éventuel changement peut survenir, M.Bouhadja a laissé entendre que «dans le pire des cas, on se retire».