Les neuf Français impliqués au Tchad dans l'affaire de l'ONG L'Arche de Zoé ont été inculpés d' « enlèvement de mineurs tendant à compromettre leur état civil et escroquerie », selon le ministre tchadien des Communications, Hourmadji Moussa Doumgor, a rapporté Reuters. Les sept Espagnols, de la compagnie de charter également mis en cause, ont été inculpés de complicité, ainsi que deux Tchadiens. Les seize Européens vont être conduits cette semaine d'Abéché, dans l'est du Tchad, à N'Djamena, la capitale, a précisé Doumgor. Les Français et les Espagnols ont été arrêtés jeudi dernier, alors qu'ils s'apprêtaient à transférer en France 103 enfants présentés comme des « orphelins du Darfour ». Ils risquent vingt ans de travaux forcés, s'ils sont reconnus coupables, a déclaré le procureur tchadien. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a dit lundi soir espérer que ses compatriotes seraient rapidement relâchés « car ils ne sont responsables de rien ». Mais Madrid a néanmoins condamné le « trafic d'enfants ». Du côté français, la ministre de la Justice, Rachida Dati, a souligné sur les ondes de la radio Europe 1 que « la justice tchadienne est souveraine » et n'a pas voulu commenter la possibilité qu'un juge d'instruction demande la remise des détenus à la France. Une information judiciaire a été ouverte en France, le 24 octobre, pour « exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption ou du placement d'un enfant » car une convention judiciaire existe entre le Tchad et la France. Contradictions Hier, un conseiller du ministre des Affaires étrangères a déclaré que la majorité des 103 enfants concernés sont « Tchadiens avec des parents tchadiens » et non des orphelins du Darfour (Soudan). Précisions importantes au moment où les organisations humanitaires disent ignorer si les 103 enfants « sont oui ou non orphelins et d'où ils viennent », selon une porte-parole de l'Unicef. Des membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) « interrogent un par un les enfants » à Abéché (Tchad), a indiqué la porte-parole de l'Unicef, Véronique Taveau, lors d'un point de presse. « Pour le moment, nous ne savons pas si les enfants sont ou non des orphelins et nous ne savons pas d'où ils viennent » , a-t-elle déclaré. Pour rappel, l'Unicef a condamné la semaine dernière la tentative « d'enlèvement » des enfants en estimant que « ce qui s'est passé au Tchad et la manière dont cela s'est passé est à la fois illégal et irresponsable ». « Cela s'est passé en violation de toutes les règles internationales », a souligné Mme Véronique Taveau.