La célébration aujourd'hui du 53e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération est une autre occasion pour l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) de réitérer ses exigences à l'égard de l'ancienne puissance coloniale. Dans un communiqué rendu public mardi en début de soirée, l'ONM souligne que la France est responsable du blocage des rapports avec l'Algérie. « En se dérobant à ses responsabilités de l'ère coloniale, elle met des entraves à l'édification d'une confiance mutuelle susceptible d'ouvrir les perspectives d'une coopération profitable aux deux peuples. » Pour l'ONM, il ne saurait y avoir de normalisation des relations entre les deux pays si la France s'entête à ne pas faire son devoir de mémoire. Pour ce faire, l'organisation de la famille révolutionnaire invite l'Etat français à « reconsidérer ses positions et composer avec les donnes réelles de l'histoire en se libérant des préjugés coloniaux ». Et pour cause, cette exigence, qui est « la conviction partagée des moudjahidine et du peuple algérien », est aux yeux de l'ONM « l'unique moyen civilisationnel à même d'amorcer une coopération internationale à la faveur du XXIe siècle ». Elle en veut d'autant plus que les mutations des relations internationales « ont amené plusieurs pays coloniaux à reconnaître leurs crimes et à présenter leurs excuses aux pays colonisés », d'où la nécessité pour la France « de suivre leur exemple ». Cela passe pour la France, précise l'ONM, par la présentation « des excuses pour ses actes barbares commis contre le peuple algérien tout au long de la période coloniale ». « Scellé et non négociable » Et à l'organisation de constater que la France « a plutôt choisi d'opter pour une autre voie dont les principaux axes reposent sur le reniement de ses crimes et le refus de présenter des excuses à notre peuple et de l'indemniser pour les douleurs et les peines qu'il a endurées ». Le communiqué souligne également que la France « a délibérément occulté la vérité et dénaturé les faits ».Plus incisive encore, l'ONM note que la France « a franchi des pas que nous jugeons irresponsables, à l'image de la promulgation en 2005 d'une loi glorifiant la période coloniale et la présentant à nos générations en tant qu'acte civilisationnel ». Le fameux « Je ne suis pas venu m'excuser » de Sarkozy, lors de sa visite en juillet dernier en Algérie, semble être resté en travers de la gorge des animateurs de l'ONM. « Il a refusé de présenter les excuses et la reconnaissance de la France en faisant fi des règles d'hospitalité et en tentant d'imposer sa vision des relations algéro-françaises », commente l'ONM. Comme un serment, l'organisation des moudjahidine affirme qu'« il est du droit de l'Etat algérien de demeurer attaché aux revendications légitimes de son peuple et d'adopter les moyens qu'il juge utiles à la réalisation de ces revendications ». Une exigence qui sonne comme un préalable « scellé et non négociable » dont les Français devront tenir compte mais également les autorités algériennes qui ne devraient pas passer outre. Il faut rappeler que c'est la deuxième fois que l'ONM fait une déclaration aussi ferme à l'égard de la France. En juillet, soit quelques jours après la visite du président Sarkozy à Alger, l'organisation présidée par Saïd Abadou avait averti qu'« il est illusoire de croire à un partenariat constructif entre les deux pays qui se construirait sur la négation des faits historiques ». A la veille du retour de Sarkozy sur les « lieux des crimes » à la faveur de sa visite d'Etat en Algérie, cette déclaration donne un avant-goût de ce qui attend le président français.