La déclaration de M.Belkhadem est un message clair adressé aux états-majors de la France. La France dit niet, l'Algérie persiste. La revendication de la repentance par la France revient de plus belle pour s'imposer dans les rapports algéro-français. La classe politique nationale a vigoureusement interpellé la France, exigeant le nécessaire devoir de mémoire de la part de l'ancien colonisateur. La célébration du 48e anniversaire des événements du 17 Octobre 1961 a été l'occasion de réitérer l'attachement de l'Algérie à l'acte de repentance. Une déferlante de déclarations a été enregistrée samedi se focalisant sur cette exigence de repentance de Paris. Partis politiques et organisations des moudjahidine étaient unanimes sur ce principe comme condition sine qua non pour tourner la page du passé et en ouvrir une nouvelle avec la France. Le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, a été catégorique. «Il n'y aura pas de nouvelle page sans l'acte de repentance», a-t-il martelé à partir de l'Assemblée populaire nationale. La reconnaissance des crimes, l'acte de repentance, l'indemnisation des Algériens victimes des exactions de la colonisation, la restitution des archives, sont des préalables incontournables pour tourner la page du passé et édifier des relations d'amitié et de coopération entre les peuples des deux pays. Sans ces conditions, toute tentative sera vouée à l'échec, a-t-il été souligné parmi les intervenants. Le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, a tenu à marquer l'événement. Intervenant dans un autre cadre, plus précisément la tenue de la deuxième session du Conseil national de l'Union nationale des paysans algériens, (Unpa), il n'a pas omis d'ouvrir une parenthèse pour interpeller, de son côté, la France sur son devoir de mémoire. Devant la communauté paysanne, il souligna la nécessité pour la France officielle de s'excuser des pratiques de la France coloniale. «Cet anniversaire nous interpelle et nous incite à répéter et à réitérer la nécessité pour la France officielle de s'excuser des pratiques de la France coloniale et la nécessité de promulguer une loi qui incrimine la colonisation et qui poursuit en justice les apologistes du colonialisme pour les exactions commises à l'encontre de l'Algérie et des Algériens», a-t-il martelé. M.Belkhadem a réitéré qu'il y a «un souci collectif chez tous les enfants de l'Algérie de la nécessité pour la France officielle de s'excuser des crimes perpétrés par la France coloniale». Faisant allusion aux déclarations des responsables français, il dira: «Ceux qui glorifient la colonisation et s'évertuent à dire que la colonisation est venue civiliser les autres, doivent savoir que la barbarie de la colonisation est indescriptible. Nonobstant les Algériens jetés dans des grottes, dans des ravins et du bord d'un avion en plein vol ou d'un hélicoptère et le génocide perpétré contre des Algériens, tués par balles ou brûlés, une autre répression a eu lieu en plein coeur de Paris, capitale des Lumières, comme il plaît à certains de la qualifier, lorsque des citoyens algériens ont été jetés dans la Seine, sur ordre des autorités coloniales françaises.» Les propos de M.Belkhadem sont loin d'être un simple rappel. Bien au contraire, ils véhiculent de fait la position officielle de l'Algérie et l'attachement de l'Etat au principe de la repentance. C'est un message clair adressé aux états-majors de la France et en particulier au locataire de l'Elysée. D'autres formations politiques se sont prononcées sur le sujet. Le Rassemblement national démocratique (RND) a précédé le mouvement en réclamant la repentance de la France. «La France doit faire des excuses pour les crimes et les atrocités commis contre le peuple algérien durant la période coloniale», a déclaré vendredi dernier à Béchar, le porte-parole du parti, Miloud Chorfi. De son côté, le secrétaire général du mouvement El Islah, Djamel Ben Abdeslam, a plaidé, à partir de Constantine, pour «l'indemnisation des victimes» des massacres perpétrés le 17 octobre 1961 à Paris (France). Le secrétaire général du mouvement El Islah a proposé, dans ce même contexte, la création d'une «commission consultative, comprenant des avocats afin de réclamer l'indemnisation des familles émigrées victimes des atrocités du pouvoir colonial». L'Algérie ne compte pas céder sur la dignité de plus d'un million et demi de martyrs de la Révolution. A en croire une source partisane, l'événement du 55e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération sera marqué par une sortie médiatique fracassante du président de la République. Une source parlementaire indique par ailleurs, que le président de l'APN prépare également un discours musclé qu'il prononcera à la veille de la célébration du 1er Novembre. En plus des hautes institutions de l'Etat, les organisations et les partis politiques ne rateront pas cette occasion pour frapper fort, nous a-t-on indiqué de sources proches du dossier.