Des dizaines de millions de dinars engloutis dans des projets de chambres froides, pour la plupart non opérationnelles. En effet, sur les 35 unités que compte le secteur de l'agriculture à Annaba, seulement une dizaine sont en activité, le reste étant non achevé, à l'arrêt ou carrément abandonné.C'est le constat qui a été fait lors de la rencontre ayant traité de la question, récemment organisée par la Chambre d'agriculture de Annaba, en collaboration avec un bureau d'études français, spécialisé en froid. Soutenus par le fonds national de développement de l'investissement agricole (FNDIA), ces projets étaient censés renforcer les capacités en froid de la wilaya, actuellement estimées à 75 000 m3. Or, ce n'est que le 1/3 qui est réellement en exploitation. Pour justifier cette situation, qui ne semble pas inquiéter outre mesure les bailleurs de fonds, plusieurs arguments sont avancés. La contrainte majeure serait liée au déficit chronique en matière d'installations électriques à laquelle s'ajoute l'absence de techniciens qualifiés pour l'emploi et la maintenance des équipements dotés de technologie de pointe. Comme autre argument, l'on avance la difficulté d'accès aux crédits bancaires que rencontrent les investisseurs ayant opté pour cette filière. Pourtant, d'autres de leurs pairs n'ont pas eu cette difficulté. Ils ont ainsi pu bénéficier d'importants apports financiers quand on sait que le mètre cube est soutenu à hauteur de 8 000 DA. Le compte peut aisément être fait dans la mesure où la plupart des dossiers d'investissements soumis pour financement comportent des perspectives de pas moins de 5 000 m3 en capacité de stockage. La chambre froide implantée à Kherraza (commune d'El Bouni) en est le parfait exemple. Dotée d'une capacité de 5 000 m3, cette unité est à l'arrêt depuis des années. D'autres ont carrément été transformées par leurs propriétaires en écuries, poulaillers ou aires de stationnement de véhicules ; ce qui n'est heureusement pas le cas de l'unité de Aïn Berda. D'ailleurs, après avoir prospecté et fait le tour du marché du froid à Annaba, le groupe Danone a fini par fixer son choix sur cette unité, d'une capacité de stockage de 10 000 m3. C'est cet atout, en plus des conditions de conservation à la page des normes universellement de mise, qui ont motivé ce leader mondial des produits laitiers à opter pour elle. Toutefois, on semble avoir pris conscience de la situation de déconfiture qui caractérise aujourd'hui le secteur. Cette prise de conscience est matérialisée par la décision de la direction des services agricoles de déclencher une enquête. Il est, en effet, question d'établir un bilan exhaustif sur la filière et d'entamer une opération de suivi des projets en cours. L'enjeu est de taille, car il s'agit d'un créneau sur lequel repose toute stratégie de développement et régulation du marché de l'agro-alimentaire.