La filière représente un enjeu aussi bien pour le secteur agricole que celui économique. D'importantes subventions ont été détournées de leur destination au détriment des besoins du secteur. Les persistantes difficultés dans lesquelles se débattent les professionnels du froid ont été à l'ordre du jour de la rencontre qu'a abritée hier la chambre d'agriculture de Annaba. Cette fois-ci, c'est l'association professionnelle agricole de production et conditionnement de la pomme de terre qui a décidé d'agir pour sensibiliser les pouvoirs publics sur l'enjeu que représente le froid, aussi bien pour le secteur agricole que celui économique. En sollicitant les représentants des banques et des services agricoles, l'association espère trouver une oreille attentive à ses doléances. Pour cause, l'avenir des 35 unités de froid que compte le secteur agricole à Annaba est sérieusement menacé, d'autant que plusieurs dizaines de millions de dinars ont été engloutis dans des projets de chambres froides, pour la plupart non fonctionnelles. En effet, sur les 35 unités recensées à Annaba, seulement une dizaine tente de survivre, le reste étant non achevé, à l'arrêt, ou carrément à l'abandon. Soutenus par le fonds national de développement de l'investissement agricole (FNDIA), ces projets devaient renforcer les capacités en froid, actuellement estimées à 75 000 m3, or, ce n'est que le 1/3 qui est réellement en exploitation. Pour justifier cette situation, qui ne semble pas inquiéter outre mesure les bailleurs de fonds, plusieurs arguments sont avancés. La contrainte majeure serait liée au déficit chronique en matière d'installations électriques, à laquelle s'ajoute l'absence de techniciens qualifiés pour la mise en marche et la maintenance des équipements issus, dans leur globalité, de technologie de pointe. Comme autre argument, on avance la difficulté d'accès aux crédits bancaires que rencontrent les investisseurs ayant opté pour cette filière. Ce qui n'a pas été le cas pour d'autres, malgré leur totale méconnaissance sur tout ce qui a trait à l'activité du froid. Ces « privilégiés » ont ainsi pu bénéficier d'importants apports financiers, quand on sait que le m3 est soutenu par l'Etat à hauteur de 8 000 DA. « Le compte peut aisément être fait dans la mesure où la plupart des dossiers d'investissements, soumis pour financement, comportent des perspectives de pas moins de 5 000 m3 », a indiqué M. Harzallah, agriculteur et président de la Chambre d'agriculture de Annaba. « Dans la plupart des cas, ces pseudo-investisseurs ont utilisé les crédits dans des projets qui ne concernent ni de près ni de loin le secteur agricole », a ajouté un autre agriculteur. Ayant pris connaissance de cette situation de déroute, la direction des services agricoles n'est pas restée indifférente. Elle vient, en effet, de mettre en place des brigades spéciales, appelées à passer au peigne fin la filière du froid. L'enjeu est de taille, car il s'agit d'un créneau sur lequel repose toute stratégie de développement et de régulation du marché local et même régional de l'agroalimentaire. A ce propos, M. Harzallah dira : « Une fois assaini et avec les capacités réellement installées, le secteur du froid à Annaba sera à même de répondre aux besoins de l'ensemble de la région Est, sachant que le port n'arrive pas à sortir de sa léthargie. Le secteur du froid pourrait lui donner une nouvelle dynamique. Ce qui est le cas chez nos voisins de l'Est et de l'Ouest ».