Le cabinet Interprofils, spécialisé dans le conseil en ressources humaines, organise le mois prochain à Londres le premier Algeria European Employment Forum. Selon le directeur du cabinet, l'évènement aura pour objectif de contribuer à lever les difficultés que beaucoup d'entreprises trouvent dans leurs tentatives de recruter des compétences nationales expatriées. Quel objectif recherchez-vous à travers l'organisation d'un tel forum ? C'est une initiative lancée par Interprofils dont l'objectif est de faire rencontrer les entreprises internationales qui opèrent en Algérie avec les compétences algériennes basées en Angleterre et en France. C'est un évènement qui présente un intérêt pour les candidats mais également pour les entreprises à la recherche de certains profils de candidats maîtrisant l'anglais et ayant bénéficié de formations dans des universités anglaises ou françaises. Pensez-vous que ces entreprises pourront trouver facilement des candidats qui accepteraient de quitter l'Europe et de rentrer au pays pour y travailler ? Je crois qu'en Algérie, il y a un changement dans la mesure où beaucoup d'entreprises internationales ont intégré le marché algérien, notamment dans le secteur bancaire, agroalimentaire, énergétique et des télécommunications. Ces entreprises peuvent offrir des conditions de travail et des salaires intéressants. Il y a également certaines entreprises internationales qui offrent des carrières en Algérie mais proposent également à terme des possibilités de travail dans leurs filiales à l'international. Il faut savoir par ailleurs qu'il est difficile pour un diplômé algérien de se faire recruter en Europe du fait de la concurrence tenue par les autochtones. La meilleure façon pour un jeune diplômé est de commencer sa carrière en Algérie. Beaucoup d'entreprises ont fait état de difficultés à trouver certains profils en Algérie… Effectivement, certaines entreprises internationales trouvent beaucoup de difficultés à trouver des profils d'emploi. L'Algérie a formé énormément d'ingénieurs et de techniciens mais il y a un très grand déficit en managers, en cadres généralistes et tout ce qui concerne la gestion des équipes dans des contextes concurrentiels. Il y a également un déficit dans certains métiers informatiques pointus, notamment dans le secteur bancaire où il y a, à titre d'exemple, un manque de profils de développeurs. Selon vous, cela est dû à quoi ? Ces déficits sont liés au fait que certaines compétences ont quitté le pays. Il y a eu des formations dans ces profils qui manquent, je pense surtout au domaine des hydrocarbures (forage, exploration et production) et de l'informatique. Mais l'Algérie a connu ces dernières années une grande saignée de compétences. La Banque d'Algérie, par exemple, qui avait de très bons informaticiens, a connu à la fin des années 1990 une hémorragie due au départ de plusieurs compétences vers l'Europe et essentiellement le Canada. Le forum que nous organisons sera justement une occasion de discuter sur ce problème et de réfléchir entre professionnels sur les moyens d'investir dans le domaine de la formation et des ressources humaines. Quel type de profils les entreprises cherchent-elles plus particulièrement ? Ce sont des profils assez variants. Mais généralement ce sont des postes de cadres expérimentés dans des métiers bien précis. Quel est le secteur qui recrute le plus actuellement ? Actuellement, c'est le secteur bancaire qui recrute massivement. Beaucoup de banques étrangères sont en train de développer leur réseau et très souvent les compétences recrutées viennent du secteur public. Il y a eu de ce fait un transfert des meilleures compétences nationales vers ces établissements étrangers qui leurs offrent de meilleures conditions de travail et de meilleures rémunérations. Nos cadres sont-ils si mal payés pour aller chercher de meilleures rémunérations chez les entreprises étrangères ? Ce n'est pas toujours le cas. Je pense que les banques algériennes ont pris conscience de la nécessité de garder leurs cadres et sont en train d'investir dans cette direction. Je crois qu'à terme, nous allons avoir un marché de l'emploi vraiment concurrentiel où les entreprises algériennes pourront offrir des conditions de travail aussi bonnes que celles proposées par les étrangers. Du côté des candidats, quel est le principal intérêt recherché en postulant pour un poste ? Souvent, l'intérêt principal recherché est le salaire. Il y a actuellement un décalage important dans ce que peut offrir une entreprise internationale comparativement aux entreprises algériennes qui sont tenues à une grille de salaire rigide. Mais il y a aussi des candidats qui cherchent les possibilités de développement, des formations régulières et des recyclages.