Le directeur de la Caisse nationale du logement (CNL) résume, en quelques mots, la problématique de l'immobilier en Algérie : « Selon les statistiques de l'ONS, l'on compte, chaque année, 150 000 nouveaux mariages. L'on peut estimer que 80% de ces nouveaux mariages représentent une demande nouvelle de logements. Il nous faut équilibrer entre la forte demande et les moyens. » Le ministère de l'Habitat vise aujourd'hui à assouplir les procédures d'accès au logement social participatif. Le département de Nourredine Moussa mise beaucoup sur cette formule considérée comme étant assez réussie. Le ministère de l'Habitat plancherait ainsi sur la revue à la hausse du niveau de l'aide de l'Etat au LSP. « Le montant de l'aide n'a pas changé depuis le début des années 2000. Des discussions sont actuellement en cours pour rectifier cet état de fait », nous a indiqué M. Djama, directeur de la CNL, en marge de la table ronde sur « le financement et l'aide au logement » tenue hier au forum d'El Moudjahid. Le montant de l'aide pourrait ainsi atteindre les 600 000 DA. Pour l'heure, il oscille entre 400 000 et 500 000 DA. Selon la loi, le montant de l'aide ne doit pas excéder quatre fois le salaire national minimum garanti (SNMG). Dans les wilayas qui connaissent des problèmes de foncier, à l'exemple d'Alger, Oran, Constantine ou Annaba, il est supérieur à cinq fois le SNMG. Selon le même responsable, le département de l'Habitat se concentre sur trois points pour l'amélioration de la formule LSP. Il s'agit, nous dit M. Djama, de la revue à la hausse de l'aide publique, la facilitation de l'accès au foncier ainsi que l'amélioration de la qualité des logements. Mouloud Dahel, directeur général du Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI), estime que compte tenu de l'inflation et du budget de l'Etat qui a augmenté grâce aux revenus pétroliers, il serait « logique » de revoir à la hausse le montant de l'aide publique au LSP. Il plaide, par ailleurs, pour la suppression des listes des bénéficiaires qui retardent la procédure d'octroi de logements. « Les listes devraient être établies par le promoteur. En ce moment, elles sont faites par les communes de manière parfois approximative. De ce fait, les listes doivent être assainies au niveau de la CNL pour cause de non-éligibilité ou parce que le prétendant au logement est déjà propriétaire. Si la commission au niveau de la commune tarde à se mettre en place, cela retarderait encore plus la procédure », explique M. Dahel. Et d'ajouter : « La confection des listes prend beaucoup de temps. Elle retarde le déroulement de la procédure. Sur le plan de l'inscription, il n'y a pas de contraintes. Il faudrait donc supprimer le goulot d'étranglement qu'est l'élaboration de ces listes. Il est essentiel d'identifier les blocages. » L'Etat songerait également à élargir les listes des bénéficiaires aux personnes à très faibles revenus. Le représentant du ministère de l'Habitat, Liès Ferroukhi, présent à la conférence, n'a pas souhaité en dire davantage. D'après les chiffres de la CNL, 20% des demandeurs de logements ont des revenus en deçà des conditions éligibles au crédit. En théorie, explique-t-il, pour que le bénéficiaire du logement soit solvable, il faudrait que le coût du mètre carré soit équivalent au salaire minimum garanti (SNMG). Dans les faits, cela est impossible. L'Etat vend ainsi le mètre carré à 14 000 DA alors que sa vraie valeur dépasse les 20 000. Pour éviter qu'une seule personne puisse avoir accès à de nombreux logements, des fichiers sont constitués au niveau de la CNL et des OPGI. Le système est en train de se mettre en place. Mais de l'avis même du responsable de la CNL, cela risquerait de prendre des années.