Pour El Watan, Ahmed Djebbar, ancien ministre de l'Education nationale (1992-1994), dévoile ce que sera l'exposition L'âge d'or des sciences arabes, attendue à Alger depuis le printemps et dont il est le commissaire scientifique. Différente de celle présentée à Paris, l'exposition comprendra des maquettes animées, des clips vidéo, un espace réservé aux scientifiques algériens et à leurs écrits, et sera accompagnée en parallèle de 17 émissions sur la Chaîne III. L'exposition itinérante « L'âge d'or des sciences arabes », programmée pour le printemps, puis repoussée à l'été, se fait toujours désirer. Pourtant, nous sommes en novembre et elle était annoncée comme un des rendez-vous forts d'Alger 2007, capitale de la culture arabe ! D'après les informations dont je dispose, elle sera inaugurée fin novembre ou au tout début décembre. En ce qui concerne son contenu, il ne sera pas identique à celui de l'exposition de Paris de 2005-2006 parce que cette dernière contenait certains objets rares, parfois uniques (appartenant à différents musées dans le monde), dont l'emprunt aurait nécessité beaucoup de temps, des négociations directes avec les musées qui en sont propriétaires, sans parler du coût des assurances couvrant leur transport et la période de leur exposition. Parmi ces objets, il y a, par exemple, une carte du monde du musée du Koweït et un astrolabe universel du musée Bénaki d'Athènes. Il y a aussi des manuscrits scientifiques écrits en arabe et d'autres qui sont des traductions en latin ou en hébreu d'ouvrages arabes des IXe-XIIe siècles. On va donc avoir un ersatz d'exposition… Pas du tout. Je parlerais plutôt d'un nouveau concept. Comme je l'ai déjà dit, le contenu reste le même, que ce soit au niveau de la thématique générale que des disciplines qui y sont traitées : astronomie, zoologie, chimie, médecine, mathématiques, physique, etc. L'exposition se compose de panneaux historiques (héritages anciens, chiffres arabes, biographies de savants), de clips vidéo (astrolabes, observatoires, outils mathématiques) et de maquettes (système hydraulique, horloge). Comme c'est une exposition qui s'inscrit dans le cadre de la manifestation Alger 2007, capitale de la culture arabe, nous avons ajouté des panneaux, intéressant spécialement le public algérien puisqu'ils évoquent des scientifiques du pays : Al Tifachi (XIIIe siècle), un spécialiste des pierres précieuses, originaire de la région de Souk Ahras, Al Qourachi (XIIe siècle), un algébriste de Béjaïa, Ibn Qounfoudh (XIVe siècle), un astronome de Constantine, etc. Des manuscrits de la Bibliothèque nationale (et d'autres bibliothèques des villes qui accueilleront l'exposition) devraient compléter et rehausser les panneaux qui évoquent ces scientifiques algériens. Mais il n'y aura pas de manuscrits rares ou d'instruments insolites sortis des musées ? En plus de ce que j'ai indiqué, l'exposition présentera aussi des manuscrits rares. Certains seront originaux : ils proviendront des bibliothèques algériennes. D'autres seront des fac-similés, c'est-à-dire des copies complètes et fidèles des originaux (qui sont, comme je vous l'ai dit, dispersés dans les bibliothèques du monde). Le visiteur aura l'impression de voir les copies originales, alors qu'il s'agit de reproductions en couleurs. Certains de ces manuscrits seront aussi présentés en clips vidéo et en trois dimensions. Ce sera la même chose pour certains objets scientifiques. Il y aura aussi des maquettes didactiques : un automate montrera comment les médecins mesuraient la quantité de sang prélevée sur patient. Une maquette électrique montrera comment un ingénieur du XIIe siècle a conçu des systèmes hydrauliques innovants, et un film tourné en Syrie présentera un de ces systèmes anciens encore en activité. Quelles sont les conférences qui accompagneront l'exposition ? Pour le moment, rien n'a été prévu à ma connaissance. Mais il est indispensable qu'il y en ait et qu'elles accompagnent l'exposition parce qu'elles permettent de développer et d'expliciter le contenu des thèmes de l'exposition. Cette exposition est prévue pour être itinérante en Algérie, à la demande des villes. Il ne faudrait pas qu'elle arrive à Constantine ou à Ghardaïa sans qu'il y ait en parallèle des conférences ou même des colloques. A Paris, l'Unesco avait profité de l'événement qu'a représenté l'exposition de 2005-2006 pour financer deux colloques sur le même thème. J'ai d'ailleurs été chargé d'élaborer le contenu de ces colloques et de collaborer à leur organisation. Le premier visait à concrétiser une recommandation de l'Unesco concernant l'introduction de l'histoire des sciences dans les universités des pays arabes et musulmans. Le second était un colloque pour les chercheurs et il visait à présenter le bilan des recherches sur l'histoire du patrimoine scientifique des pays arabes et musulmans. Pour revenir à l'exposition d'Alger, je dois quand même vous informer qu'une belle initiative a été prise par Mme Dalila Smaïl de la Chaîne III qui a eu l'idée de programmer 17 émissions, d'une heure chacune, sur de nombreux thèmes de l'exposition. Et j'ai été sollicité pour animer avec elle ces émissions. D'ailleurs, plus de la moitié des émissions ont déjà été enregistrées et le projet sera finalisé cette semaine. Il y aura également l'enregistrement d'une dizaine d'émissions en arabe.