L'ouvrage publié tout récemment par notre collègue Abdelkader Bousselham auprès des éditions Casbah1 sur la diplomatie algérienne comporte incontestablement nombre d'informations des plus intéressantes sur ce que fut le rôle de l'appareil diplomatique algérien tout au long des quatre décennies passées. La personnalité de celui qui en a rédigé la préface, à savoir le ministre Mohammed Bedjaoui, et ce qu'il y a relevé en particulier, devrait pouvoir inciter davantage de gens à le lire. Comme l'auteur fut l'un des plus anciens fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, il a donc longtemps eu tout loisir d'en suivre l'évolution à partir du service du protocole qu'il a effectivement organisé et dirigé nombre d'années avant de partir en poste à l'étranger. Parce que prestigieux, ce département des Affaires étrangères avait dès le départ eu la chance de compter dans ses rangs un nombre relativement important de cadres de qualité. Ils venaient de l'ex UGEMA et de l'ALN aux cotés d'autres venus eux des services du GPRA comme M. Bousselham et qui s'employèrent tous à faire de ce ministère un outil efficace au service de l'Etat Comme l'Algérie sortait auréolée d'une glorieuse révolution et lutte de libération, il était tout à fait naturel que son action extérieure s'associe à celle des autres pays non alignés qui avaient appuyé sa propre lutte et se déploie en faveur d'une décolonisation totale en Afrique et ailleurs. L'action de l'Algérie sur ce plan, ne se contentait pas des seules proclamations de soutien mais se traduisait par une solidarité active et concrète au profit des mouvements de libération chose personnellement vécue lorsqu'il nous avait fallu suivre à partir du CongoBrazzaville et de la Guinée, l'acheminement d'armes destinées aux combattants du MPLA en lutte en Angola et à ceux du PAIGC à Bissau. Avec d'autres collègues j'avais eu également l'occasion de travailler par exemple auprès de notre mission à Rabat durant la difficile période de tension due au conflit frontalier et de mener sur place une action de clarification auprès des missions et presse étrangère pour expliquer et mettre à nu les manoeuvres marocaines contre notre pays. Abdelaziz Bouteflika notre ministre des Affaires étrangères à l'époque (venu rencontrer l'empereur Hailé Sélassié dans la capitale chérifienne ) avait avec Ali Abdellaoui son chef de cabinet été mis au courant des tentatives d'assassinat qu'à cause de cela, j'avais essuyés de la part des policiers d'Oufkir. Il avait également au fait des efforts que nous avions déployés plus tard à Conakry pour que Sékou Touré consente enfin à nommer de nouveau un ambassadeur à Alger après deux années de brouille suite à l'arrestation du président Ahmed Ben Bella, le 19 juin 1965. Idem lorsque je m'étais trouvé au Mali qui finira lui aussi par désigner un ambassadeur chez nous après des années de froid avec Alger suite cette fois au renversement de Modibo Keita à Bamako par l'armée. C'était donc cela aussi la diplomatie active et non démunie de dangers et dont il faudra bien en parler un jour en même temps qu'expliquer par exemples interposés comment l'on peut défendre les intérêts du pays, veiller à la protection de nos ressortissants et développer les échanges politiques, économiques et culturels avec le pays d'accueil. La plupart de ces missions sont évoquées dans cet ouvrage de A. Bousselham et peuvent par conséquent être utilement explicitées aux jeunes diplomates algériens si elles étaient illustrées de faits et d'exemples vécus. S'agissant des relations économiques, il est vrai que c'est au ministère des Affaires étrangères que revenait le soin de négocier le cadre juridique et de mettre en place les instruments de coopération et d'échanges. Cela s'imposait du fait des systèmes et fonctionnement des économies dirigées telle la notre avec celles des pays socialistes contractants. D'autres accords avaient néanmoins été établis aussi avec divers pays d'Europe, d'Afrique et du monde arabe. Il reste cependant que les importations et exportations étaient et restent toujours pour celles non privatisées du ressort des entreprises elles mêmes qu'elles appartiennent aux secteurs de l'industrie, de l'agriculture ou du commerce. M. Bousselham ayant évoqué dans un chapitre l'ère Chadli et les années 1980 sans autres précisions, je me dois de faire quelques remarques et d'apporter quelques clarifications susceptibles de bonifier son propos comme il l'a souhaité lui-même dans son livre. D'abord pour dire d'une manière générale que j'ai personnellement été honoré de faire partie de l'équipe gouvernementale du président Chadli tout comme j'avais dans le temps et auparavant été honoré de collaborer avec M. Abdelaziz Bouteflika alors ministre des Affaires étrangères. A coté de tout ce qui avait été réalisé par son gouvernement comme universités, aéroports, écoles, hôpitaux etc., il y a des choses qui sont à porter au crédit du président Chadli comme lorsqu'il avait entrepris de rendre à leurs propriétaires algériens originels leurs terres agricoles préalablement confisquées entre 1962 et 1965 et non travaillées pour ne pas dire négligées par leurs occupants. Idem s'agissant de la suppression des fameuses autorisations de sortie du territoire et autres tracasseries bureaucratiques rencontrées par nos concitoyens lorsqu'ils voulaient se faire délivrer des documents administratifs de toutes sortes. Dans cette équipe gouvernementale du président Chadli, j'avais pour ma part été désigné à l'automne 1985 à la tête du ministère du Commerce et ce jusqu'en 1987. Le sort a voulu que, quatre mois à peine après cette nomination, un choc pétrolier vienne provoquer l'effondrement du prix du baril de pétrole qui tombera en dessous des 9 voire même des 6 dollars en même temps que ce même dollar subissait une forte déperdition. Lorsque l'on sait que nos recettes d'exportations et nos moyens de paiement extérieurs dépendaient et dépendent d'ailleurs toujours des hydrocarbures à 95%, on comprend aisément que la balance commerciale ait subi cette année là son plus grand déficit, une baisse des recettes budgétaires et des importations à hauteur de 50%. Pour rappel il y a lieu de noter que les réserves de change dont disposait la Banque centrale en 1978 ne dépassaient en vérité pas les 5 milliards de $ et le stock de la dette tournait autour des 15 milliards de $. Il avait donc fallu procéder à des importations alimentaires pour ce qui était uniquement essentiel et à crédit cette fois puisque les réserves de change ne dépassaient pas les 2 milliards de $ avec en parallèle un service de la dette fort contraignant. Je ne me rappelle pas à ce moment avoir jamais chargé quiconque et encore moins quelque consortium que ce soit de se substituer à nos entreprises pour leurs importations d'abord parce que cela aurait était aussi stupide qu'irréalisable. Il faut tout de même reconnaître aujourd'hui que nous avions pêché alors par imprudence notamment pour ne pas avoir su préserver correctement nos équilibres financiers. C'est dire si après cet aveu et extérieurement au livre de notre frère Bousselham les commentaires et bavardages entendus ici ou là sur de tels sujets viennent peut être de gens pas toujours bien informés mais émanent surtout de bavards eux mal intentionnés. Le mépris et l'aversion s'imposant pour ces derniers,ne me dispensent pas de revenir au travers d'un autre support sur toute cette période là et avec force détails et précisions bien entendu. Note de renvoi : 1- Regards sur la diplomatie algérienne L'auteur est Ancien ministre