Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a rencontré hier les exportateurs algériens pour discuter de leurs difficultés et de l'incapacité de l'Algérie à développer ses exportations hors hydrocarbures. Cette rencontre a été l'occasion pour plusieurs opérateurs de soulever les problèmes auxquels ils font face. Le ministre du Commerce a d'emblée souligné que l'objectif de cette consultation des principaux concernés vise à ébaucher une stratégie pour promouvoir les exportations hors hydrocarbures qui restent marginales. L'Algérie a exporté en 2006 pour 56 milliards de dollars dont seulement 1,2 milliard de dollars hors hydrocarbures, une bonne partie est en réalité des dérivés du pétrole. « Les exportations hors hydrocarbures ne peuvent même pas couvrir la facture de l'importation de poudre de lait », ironise le ministre. Pour lui, il est nécessaire de faire un diagnostic de la situation et déceler les dysfonctionnements à l'origine de cette lente évolution des exportations hors hydrocarbures. M. Djaâboub n'a pas hésité dans son intervention à pointer un doigt accusateur vers « des courants idéologiques » qui, a-t-il dit, « s'élèvent contre la signature d'accords commerciaux avec d'autres pays sous prétexte qu'ils nuisent à l'économie nationale ». Ce genre d'accords qu'il a qualifiés de « vases communicants » sont, selon lui, une occasion à saisir, car ils offrent des débouchés pour les produits algériens. L'accord d'association avec l'Union européenne prévoit plusieurs contingents de produits que les opérateurs nationaux auraient pu exploiter, note-t-il. Et de citer le miel pur (100 t), la pomme de terre (500 t), les abricots (1000 t) et bien d'autres produits du terroir qui auraient pu être commercialisés sur les marchés européens. « Le problème est à notre niveau », souligne encore le ministre, tout en faisant remarquer que les craintes alarmistes exprimées par certains milieux sur l'impact de l'accord d'association avec l'UE ne se sont pas concrétisées. « L'industrie algérienne allait mal avant l'entrée en vigueur de cet accord », a-t-il ajouté. Les différents acteurs qui interviennent dans les opérations d'exportations doivent travailler dans une totale coordination pour booster les exportations hors hydrocarbures, a-t-il soutenu. Son département s'est fixé comme objectif de ramener le montant de ces exportations à 2 milliards de dollars d'ici à 2010. Pour ce faire, l'Algérie doit adopter une démarche offensive et non défensive et protectionniste, relève M. Djaâboub. Gasmi Kader, un Algérien établi à Marseille, qui s'est lancé dans l'exportation à partir d'Algérie, a indiqué pour sa part qu'un grand potentiel en la matière existait en Algérie pour peu qu'on mette fin « à l'anarchie terrible et au manque de communication » auxquels fait face l'exportateur. L'Algérie, d'après lui, est en mesure de concurrencer d'autres pays du bassin méditerranéen tels que l'Espagne et la Tunisie qui ne seraient plus « aussi rentables » qu'avant. Rachid Khenfri, directeur général de l'entreprise Agro-Film, plaidera de son côté pour la mise en place d'une sorte de guichet unique qui aura les prérogatives d'un chef du gouvernement pour plus d'efficacité et de rapidité dans la résolution des problèmes que rencontrent les exportateurs. Son entreprise, qui exporte vers l'Espagne, le Cameroun, la Tunisie et la Libye, risque de perdre plusieurs marchés à l'étranger, car la matière première utilisée par son unité est bloquée par les douanes au niveau du port. Le ministre du Commerce a annoncé au cours de cette rencontre que le conseil national de la promotion des exportations sera installé à la fin de l'année ou au plus tard début 2008. Il sera présidé par le chef du gouvernement, a-t-il précisé.