La directrice générale du bureau de négoce Canadian Agricultural Produce INC, Chafika Boudjelida, est sous le choc depuis que les journaux algériens ont affirmé qu'elle a exporté vers l'Algérie de la pomme de terre canadienne avariée. La directrice générale du bureau de négoce Canadian Agricultural Produce INC, Chafika Boudjelida, est sous le choc depuis que les journaux algériens ont affirmé qu'elle a exporté vers l'Algérie de la pomme de terre canadienne avariée. Pour cette Canadienne d'origine algérienne, il y a un grave malentendu dans cette affaire et la cargaison envoyée n'est pas contaminée par la désormais célèbre bactérie « ring rot » - qui, au demeurant, n'est pas dangereuse pour la santé humaine. Rencontrée par El Watan à Montréal entre deux déplacements vers l'Ile-du-Prince-Edouard, cette jeune Algérienne venue au Canada il y a 7 ans, en veut à la presse algérienne et lance un appel à la raison. Montréal (Canada). De notre correspondant Exhibant les résultats négatifs sur la présence de cette bactérie de l'analyse phytosanitaire des services de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), elle affirme qu'elle est victime des querelles de la politique interne dans la petite province de l'Ile-du-Prince-Edouard et de la concurrence entre producteurs canadiens de pomme de terre, vu qu'elle a ajouté aux 3500 tonnes de pomme de terre de l'Ile quelque 300 tonnes provenant de la province du Québec – les Prince-Edouardiens voient d'un mauvais œil que les Québécois les concurrencent à partir de leurs propres ports. Explication et genèse de cette histoire. Le jeudi 1er novembre, au Parlement local de cette province anglophone – la plus petite au Canada avec 13 800 habitants, Jim Bagnall, un député de l'opposition, tente de mettre en difficulté son ministre de l'Agriculture, Neil LeClair. Il demande à ce dernier si vraiment il y a un bateau canadien bloqué au port d'Alger pour raison de présence de cette bactérie. Or, ce jour-là, le Green Concordia était en train de décharger sa cargaison – 600 tonnes à ce moment-là – et il n'y avait aucun bateau de pomme de terre canadienne bloqué en Algérie. L'exportatrice explique que ce député, lui-même un ex-ministre de l'Agriculture, a été intoxiqué par ses concurrents. Cet échange parlementaire a été relayé le jour-même par le site internet de CBC, le service anglais de Radio Canada. Reprise par le site toutsurlalgerie.com, l'information s'est retrouvée samedi à la une de la presse algérienne qui n'a pas cité ses sources. Ce tollé a poussé les services du ministère algérien de l'Agriculture à stopper le déchargement de la pomme de terre canadienne pour réaliser de nouvelles analyses phytosanitaires. L'Algérie ne voulant pas que cette bactérie s'installe sur son sol adopte la politique de la tolérance zéro. L'ambassade du Canada à Alger a enfoncé l'exportatrice en émettant un communiqué qui la met en cause où il est expliqué que les 300 tonnes de pomme de terre du Québec étaient contaminées, selon l'ACIA. L'exportatrice reconnaît qu'au départ de l'Ile-du-Prince-Edouard, l'ACIA lui a demandé de réaliser de nouveaux tests sur la pomme de terre québécoise. Ce qu'elle a fait, mais elle a expédié la marchandise avant de connaître les résultats des nouveaux tests. Selon les documents qu'elle a montrés à El Watan, les nouveaux tests sont négatifs. Habituée à un peu plus de rigueur dans la presse canadienne, l'exportatrice trouve qu'il y a une légèreté déroutante dans ce qui s'est écrit et un acharnement de la part des médias sur la pomme de terre canadienne qui ne peut s'expliquer que par l'existence d'un lobby de la pomme de terre européenne. Mais elle semble oublier que cette situation est due en partie à l'absence de communication de la part des autorités algériennes. Elle a tenu à démentir les informations voulant qu'elle soit milliardaire et que son entreprise ait été créée au début de l'année. Cette habitante de Brossard, la banlieue sud de Montréal, explique qu'elle exerce dans le négoce depuis 4 ans. Elle a changé sa compagnie en SPA au début de l'année. La réglementation au Québec impose un nouvel enregistrement de la compagnie en cas de changement de statut. Les services phytosanitaires algériens n'ont finalement pas trouvé la fameuse bactérie, mais le client algérien de l'exportatrice la Sarl El Amani n'a pas encore pu décharger sa marchandise. Au ministère de l'Agriculture, personne ne veut prendre la responsabilité de donner le feu vert en l'absence de Saïd Barkat, parti pour un « long » séjour au Brésil. « L'affaire est devenue politique », lui affirme-t-on au ministère. Toute cette attente dans le port coûte de l'argent à l'exportatrice. Qui paiera les pots cassés ? Tout porte à croire que ce sera bien le député canadien de la province de l'Ile-du-Prince-Edouard qui devra sortir son chèque. Les avocats de l'exportatrice sont bien décidés à faire payer Jim Bagnall pour ne pas avoir mesuré ses propos, lui qui ne voulait que coincer son ministre de l'Agriculture et a finalement réussi à lancer ce qui restera comme le scandale de la « patate saine ». Du travail en perspective aussi pour le nouvel ambassadeur du Canada en Algérie, Patrick Parisot – il doit un séminaire à l'opinion publique algérienne !