Au lendemain de son arrivée à Alger avec son époux pour une visite de quatre jours, la première dame d'Allemagne, Mme Eva Luise Köhler a eu à rencontrer les représentantes du mouvement associatif, toutes catégories confondues. Le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef) a abrité cette réunion à laquelle ont également pris part le ministre de la Santé, la ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique, le représentant de l'Unicef et les représentants de l'ambassade d'Allemagne en Algérie. Le code de la famille, la difficulté d'accéder au poste de décision, le chômage, les enfants abandonnés, le financement des associations sont autant de questions débattues lors de cette rencontre. Mme Nadia Aït Zaï, présidente du Ciddef, précisera au préalable que le mouvement associatif n'est qu'un petit maillon de la chaîne mais aussi un partenaire incontournable des pouvoirs publics. Elle saisira cette opportunité pour rappeler les objectifs de son établissement, indiquant que ce dernier a été créé dans le but de promouvoir les droits de l'enfant et de la femme en organisant des séminaires, des conférences, en menant des campagnes de sensibilisation et en offrant l'assistance juridique et psychologique gratuite. Les intervenantes ont, à l'unanimité, évoqué la thématique du code de la famille. Un code qui a longtemps paralysé et pénalisé la femme à tous les niveaux. Mme Malika Remaoun, présidente de l'Association pour les droits de la femme, a exposé les actions menées par sa structure pour le renforcement des capacités des femmes et leur autonomie. L'association cible les femmes des quartiers populaires, des femmes analphabètes et vivant dans des conditions difficiles. Pour ce qui est du code de la famille, Mme Remaoun fera remarquer qu'effectivement il y a eu quelques avancées réelles, notamment après les amendements introduits dans le document en 2005. Des changements en matière de droit de garde pour le père, d'obéissance de la femme à son époux, la possibilité pour les femmes algériennes de demander la nationalité algérienne à leurs enfants. Mais fondamentalement, relèvera l'intervenante, la femme reste mineure, sous-citoyenne. Mme Aït Zaï partageant cet avis confirmera qu'il y a encore de la discrimination, toutefois, elle avouera que le principe d'égalitaire a été intégré. « Il y a une égalité dans les rapports homme femme et la gestion de la famille, cependant le problème qui se pose demeure l'application des textes de loi. Notre existence sert toutefois à sensibiliser et à aider les femmes à comprendre les textes de loi pour qu'elles puissent revendiquer leurs droits », a-t-elle souligné. Mme Baya Zeitoune, de l'association Pour la promotion de la femme rurale, a soutenu que les textes de loi ne consacrent pas la différence entre la femme rurale et citadine, précisant que les difficultés résident dans l'application des nouvelles dispositions du code de la famille. Mme Karadja estime qu'il faut réfléchir à « un équilibre de la société pour arriver à en construire une où chacun de nous doit avoir sa place ». De son côté, Mme Imène Hayeff, du collectif Maghreb 95, s'est attardée sur le combat de son mouvement pour l'égalité des chances entre hommes et femmes dans le domaine du travail. « Nous craignons que la femme sombre dans la précarité et l'informel », lancera l'intervenante devant la première dame d'Allemagne. Une députée du FLN, Mme Saliha Djeffal, a mis l'accent quant à elle sur les difficultés que rencontrent les femmes pour accéder aux postes de décision, notamment dans la sphère politique, imputant cette situation au manque de combativité chez les militantes. La représentante de l'association Enfance et familles d'accueil bénévoles a présenté le travail accompli par son association dans la lutte contre le délaissement des nouveaux-nés et le soutien apporté aux mères qui désirent reprendre leurs enfants, précisant que l'association a pris en charge, depuis sa création, 1700 bébés dont un tiers a été récupéré par leurs mères biologiques. D'autres participantes ont parlé de la violence à l'égard des femmes. Un phénomène qui prend de l'ampleur dans notre pays. La première dame d'Allemagne a affirmé, à l'occasion, que le combat des femmes pour la promotion de leurs droits n'est pas propre à l'Algérie. La femme allemande aussi lutte pour promouvoir ses droits. L'invitée du Ciddf s'est, en outre, intéressée au financement du mouvement associatif, Mme Aït Zaï expliquera que la plupart des associations sont financées selon leurs projets, et les bailleurs de fonds sont européens, à l'image de la fondation Frederich Ebert, le PNUD, l'Unicef.