Tombés dans la disette provoquée par l'inaccessibilité des produits alimentaires, les électeurs tournent le dos à ce rendez-vous électoral que les organisateurs présentent comme la plus grande thérapie contre les maux socioéconomiques. La campagne électorale pour le scrutin du 29 novembre boucle sa première semaine. Les 23 partis retenus pour cette compétition — étant donné que d'autres ont été exclus — réapparaissent sur le terrain politique sans pour autant charrier avec eux des cohortes d'électeurs. Le constat semble être évident et connu de tous, de tous ces millions d'Algériens laissés en rade à longueur d'année et vivement sollicités pour leur voix à la veille de chaque rendez-vous électoral. Timidement démarrée le 8 novembre, la campagne électorale pour le renouvellement des Assemblées populaires communales et de wilaya — lesquelles doivent théoriquement intéresser le citoyen — s'achemine vers une fin plutôt morne. Tombés dans la disette provoquée par l'inaccessibilité des produits alimentaires aux smicards qui constituent la frange sociale la plus importante et dont certains d'entre eux se trouvent contraints à retourner les poubelles de quelques quartiers riches d'Alger ou d'ailleurs, les électeurs tournent le dos à ce rendez-vous électoral — comme à tous les précédents — que les organisateurs présentent comme la plus grande thérapie contre les maux socioéconomiques que le politique n'a jamais prescrite. Les permanences électorales ouvertes par-ci par-là ne suscitent même pas la curiosité des passants, las sans doute d'entendre des promesses sans lendemain. L'attention des Algériens est tournée vers le chômage dont souffrent des milliers si ce n'est des millions de jeunes et moins jeunes, la cherté de la vie, la crise du logement, l'inaccessibilité au crédit bancaire, la dégradation de l'école, la faille de l'université, la fermeture des entreprises publiques… Bref, la conjoncture actuelle du pays ne donne aucune lueur d'espoir à l'Algérie d'en bas. La situation ne conjecture rien de bon. Et les électeurs semblent être convaincus que glisser un bulletin de vote dans l'urne ne leur apportera rien de mieux, aucune plus-value à leur modeste quotidienneté. Cette nonchalance ambiante a atteint même les formations politiques en compétition électorale qui se limitent, dans leur majorité, à quelques modestes meetings dans de grandes agglomérations et optent pour des sorties de proximité, loin des feux de la rampe. La nonchalance s'avère même dans le discours électoral peu percutant et moins offensif. Les thèmes de campagne tournent autour de questions telles que la lutte contre la corruption, l'éradication du chômage, la lutte contre la drogue, l'amélioration des conditions de vie de la population… La nouveauté de la campagne est « la jeunesse », à laquelle le président Bouteflika avait consacré toute une rencontre avec les walis. Autrement dit, comme l'Algérie est en panne d'économie, nos politiciens se trouvent en panne d'idées… d'avenir.