Le boycott et l'abstention restent les premiers «dominateurs» de cette élection. Boycott? Désintérêt ou vote par peur? Deux préoccupantes questions taraudent les esprits des observateurs de la scène politique nationale au lendemain des élections locales. Maintenant, l'épreuve est passée. L'urne a rendu son verdict. On a crié victoire. Les uns se réjouissent des résultats obtenus. Les autres sont mécontents. Abstraction faite de la bataille des chiffres, ces élections locales ont confirmé le désintérêt et l'indifférence des Algériens aux rimes du verbe «voter». Ils ne croient, presque plus, à la chose politique. 57% des électeurs tournent le dos à l'urne. N'est-ce pas là une victoire sans prestige? Certes, il y a eu une amélioration par rapport aux dernières législatives, où plus de 64% des électeurs avaient préféré rester chez eux le jour du vote. Mais, cela ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. L'amélioration du taux de participation dans les locales -sans être, toutefois, satisfaisante- a ses explications. Le caractère local de cette échéance intervient en premier lieu. Les élections locales revêtent un cachet «tribal» sans que ce terme ne soit pris dans son sens péjoratif. Les électeurs sont d'autant plus motivés par les liens familiaux avec les candidats qu'avec leurs programmes et leurs politiques. Celle-ci cède la place aux sentiments. «Les partis politiques» en sont conscients. Un enjeu bien compris. Ils sont engagés dans la chasse aux «perles» rares. Il faut donc chercher une tête d'affiche populaire. Cela, même s'ils ne sont pas militants ni sympathisants. Concrètement, les citoyens délaissent la manière avec laquelle les affaires des mairies sont gérées. Ils ne croient plus aux promesses jamais tenues. Un élément de taille réconforte l'indifférence des citoyens au discours politique. Tout au long de la campagne électorale, tout le monde a constaté que les salles des meetings étaient vides ou presque. Les citoyens avaient l'esprit ailleurs. Pour la majorité, le scrutin est classé comme non-événement. Les discours développés par les candidats, y compris par les chefs de parti, ne séduisaient pas les Algériens. Le débat était le grand absent. Le fond des problèmes n'a pas été traité. C'était une campagne pale. «La classe politique» n'a pas su répondre aux fortes attentes socioéconomiques. Les prix des produits de première nécessité flambent de jour en jour. La pomme de terre impose sa loi sur les étals des marchés. Le chômage bat les records. Universitaires ou pas, diplômés ou pas, le sort est le même: quotidiennement on rase les murs. Pis, chez l'administration, un blocage en appelle un autre. Pour une simple pièce administrative, qui est un droit, il faut une intervention. Les dernières intempéries ont montré le déficit des responsables locaux dans la gestion des villes. L'instabilité sociale était visible. Revendications, grèves et émeutes sont signalées à travers le pays. La classe politique n'a pas pu redonner confiance aux électeurs. D'ailleurs, même le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a désavoué les partis politiques au lendemain des législatives de 2007. D'après lui, un manque de politique qui s'adapte concrètement aux attentes de la société algérienne, était flagrant. Les électeurs «ne sont pas satisfaits de la situation actuelle», a commenté le ministre. Les données et cette situation sont autant d'éléments qui ont élargi le fossé entre les électeurs et les bureaux de vote. Car, le boycott et l'abstention restent les premiers vainqueurs de cette élection. Préférant ne pas aller voter, une majorité d'Algériens a manifesté massivement son désintérêt et son indifférence du scrutin. Voilà, comment la fracture sociale engendre une fracture politique.