Bien morose que ce début de campagne électorale à Annaba. Rarement veillée de consultation populaire pour le renouvellement des 39 sièges de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) et ceux prévus dans chacune des 12 Assemblées populaires communales (APC) n'aura été aussi significative du peu d'intéressement des électeurs. Partisanes ou indépendantes, les listes placardées à la vue de tous n'attirent presque personne. Annaba : De notre bureau La réalité qui s'affirme de manière éclatante durant ces derniers jours est d'une autre nature. On y lit la disparition du clivage entre la direction locale des partis politiques et la base, entre les institutions élues et les citoyens. En décidant d'anticiper sur le renvoi des candidats toutes tendances confondues à leurs études sur la gestion de leur quotidien, les électeurs marquent une vraie rupture avec les habitudes électorales. Dans les quelques discussions sur l'événement prévu pour le 29 novembre 2007, il est dit que la traditionnelle bénédiction des chefs, la proximité du prince et la réputation du « bras long » ne formeront plus des conditions nécessaires pour permettre aux partis politiques d'emporter des sièges à l'APW ou dans une des 12 APC. Pour les observateurs, cette position des citoyens est le signe évident d'une maturité nouvelle dans la wilaya de Annaba. Selon eux, elle indique que le local n'a plus besoin du national pour affirmer son existence et que les électeurs veulent des candidats aptes à se prononcer sur leurs problèmes de vie quotidiens et exigences d'environnement. A ce jour, ni en aparté ni en public lors des meetings, les représentants des partis en lice et les candidats indépendants n'en ont fait référence. A la lecture des listes présentées, beaucoup de citoyens ont relevé l'absence de stature politique, sociale ou économique de la majorité des candidats. « Dans ces listes, il n'y a presque pas de noms de cadres et d'intellectuels professant une adhésion totale aux valeurs libérales et intégrées dans la société. On a fait appel à certains noms ayant bénéficié des avantages du fameux article 120 du parti unique pour leur promotion socioprofessionnelle. Au RND, quelques rares noms d'hommes du terroir diluent ceux des opportunistes. C'est la même tendance à l'opportunisme qui prévaut dans les rangs des partis islamistes et autres satellites politiques du pouvoir. Quant aux indépendants, bon nombre ne le sont qu'en apparence », affirme Mohamed S., médecin de profession. D'une certaine manière, les électeurs ont tiré les enseignements des précédentes assemblées où les composantes ont rarement pris en compte les spécificités sociologiques de la wilaya. Interrogés, bon nombre estiment être en droit de réclamer une participation directe, via leurs associations de quartiers, à la décision de gouvernance locale. Ils affirment également ne plus accepter que cette gouvernance leur soit imposée d'en haut. « Les citoyens aspirent aujourd'hui à plus d'autonomie et de proximité et souhaitent une réforme institutionnelle comparable à celle des lendemains du 5 octobre 1988 », a ajouté notre interlocuteur. Ce que, vraisemblablement, les candidats partisans ou indépendants en lice pour les locales du 29 novembre ne peuvent pas s'engager à le leur promettre. Dans les discussions sur la place publique, il ressort que beaucoup de candidats seraient attirés par les milliards de dinars que l'Etat a investis pour la relance économique, le développement local, le logement et l'aménagement urbain.