Quelque 150 médecins spécialistes, cardiologues, endocrinologues, internistes et néphrologues de Batna, Biskra, Bordj Bou Arreridj, Constantine M'sila et Sétif ont participé, jeudi après-midi, à un symposium sur la cardiologie. Cette journée, organisée par les laboratoires Novartis-Pharma, 3e laboratoire pharmaceutique à l'échelle mondiale, entre dans le cadre de la formation continue et de la mise à niveau des connaissances des praticiens de la santé. Les éminents professeurs Benabas du CHU de Constantine et Nibouche du CHU Parnet d'Alger ont animé les deux conférences qui traitaient respectivement de « La dyslipidémie et syndrome cardio-métabolique » et du « Risque cardio-vasculaire ». Il ressort des deux interventions que plus de 300 facteurs favorisent la naissance, le développement et l'éclosion d'un évènement cardio-vasculaire, comme sont définis les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux et les insuffisances rénales. Parmi les facteurs les plus connus, on notera : l'hypertension artérielle, le cholestérol, le tabagisme, le diabète, l'obésité abdominale, le stress et le manque d'activité, pour ne citer que ceux-là, ainsi que d'autres non modifiables, tels le sexe, l'âge ou la ménopause. Les maladies cardio-vasculaires représentent le 1er taux de mortalité en Algérie et dans le monde. Pour la 1ère fois dans l'histoire, des études imputent 60 % de mortalité aux maladies non transmissibles, 30% aux maladies transmissibles et les 10 % restants aux accidents de la route et autres. Pour les maladies non transmissibles, 23,5 % de la mortalité sont dus aux atteintes cardiovasculaires, 5,7 % au cancer et 1,7 % au diabète. Comme le dit le Pr Nibouche : « Le cœur tue plus que le cancer » ; 40 % des décès liés aux maladies du cœur sont dus aux coronaropathies, 25 % à l'hypertension artérielle (HTA) et 20% aux rhumatismes articulaires aigus qui, il n'y a pas longtemps, causaient 80% de mortalité, et 15 % sont d'ordre congénital. Selon une étude de l'OMS datant de 2005, 26 % de la population algérienne souffre de HTA, dont 5,4 % connue et traitée, 1,3 % équilibrée et 20,6 % non connue. La prévalence mondiale est de 26,4 %, elle devrait atteindre les 29,2 % d'ici 2025 ; 972 millions des habitants de la planète sont hypertendus, avec 333 millions dans les pays développés et 639 millions dans les pays en voie de développement. Une étude algérienne est en cours pour recenser et identifier la population atteinte de HTA. « L'Algérie est très mal préparée à cette situation. Aucune stratégie, ni aucun moyen ne sont mis en œuvre pour lutter contre cette épidémie », diront les Pr Nibouche et Benabas. Et le premier d'ajouter avec insistance : « La création de centres de dépistage précoce et de traitement des atteintes cardio-vasculaires et le suivi régulier des patients, la mise en place d'une politique et d'une stratégie de prise en charge complète (phase pré-hospitalière et post-hospitalière), la création d'unités mobiles d'intervention rapide et d'unités de soins pour coronariens dans tous les hôpitaux du pays sont le premier pas dans la lutte contre ces maladies ». Quant au Pr Benabas, il dira : « Toutes les spécialités médicales convergent, à un moment ou à un autre, autour de l'artère qui est finalement pour nombre d'atteintes, la cause première de tous les décès, elle devient donc le centre d'intérêt de tous :cardiologues, endocrinologues, néphrologues, et une prise en charge commune est une préoccupation de santé publique ». Il s'attardera par ailleurs sur les liens existant entre le diabètes et le risque cardio-vasculaire : 2/3 des diabétiques meurent des suites de complications cardio-vasculaires. Les plus récentes découvertes médicales apportent la preuve de la « lipotoxicité », cause de cholestérol et autres obstructions des vaisseaux du corps. L'hygiène de vie du malade, la réduction des facteurs de risque et la prévention sont le meilleur des traitements, s'accordent à dire les spécialistes, qui préconiseront ceci : « Traiter n'est pas seulement donner un médicament ».