Hier, vers 5h45, un bâtiment de R+1 situé à l'impasse Pauline de la rue Khrisset Hocine de la vieille ville de Annaba s'est effondré suite à une explosion de gaz naturel. Annaba De notre bureau Le bilan est très lourd. Six morts et huit blessés dont un brûlé dans un état grave, ainsi que onze véhicules partiellement endommagés. Parmi les victimes, la famille Boukhatem, composée de 4 personnes, a été ensevelie sous les décombres de la vieille bâtisse. Il s'agit d'un jeune couple avec ses deux enfants, Amine 3 ans et son aînée Sérine, 5 ans, qui n'avaient jamais pensé que le destin fatal allait les brusquer ensemble aux mêmes lieu et moment, alors qu'ils étaient dans les bras de Morphée. Egalement sous les décombres, Mme Maizi N. et sa fille Rayane, 11 ans, ont, malheureusement, connu le même sort. Elles étaient les dernières à être découvertes après la rapide intervention des 8 officiers et 7 médecins de la Protection civile qui, durant plusieurs heures, avaient bataillé dur jusqu'à 12h30 pour dégager les 8 blessés et les 6 cadavres. Ces derniers ont été transférés dans des sacs mortuaires à la morgue du CHU, unité Ibn Rochd, tout autant que les blessés, pris en charge médicalement au service des urgences du même hôpital. Parmi eux, il y avait un homme dans un état critique qui, souffrant d'importantes brûlures au 2e degré, a été transféré au service des grands brûlés de l'hôpital Ibn Sina. Des engins à la pelle pour dégager les décombres, 7 ambulances équipées et 5 canons à eau avaient été apprêtés pour parer à toute éventualité. Celle de voir le sinistre s'étendre aux nombreuses vétustes habitations voisines en était une. Dans le regard des habitants sinistrés se mêlaient le désespoir et la colère. Le désespoir d'être totalement démunis et sans logis. La colère face à des responsables locaux restés apparemment insensibles à leur détresse. Parmi eux, le rescapé Rétima Nacer Eddine, 40 ans, père de famille, qui habite le même immeuble. « Tout le monde était endormi ce matin lorsqu'un important effondrement a secoué notre vieille bâtisse. Quelques secondes après, une forte explosion s'en est suivie et c'est tout l'immeuble qui s'est effondré comme un château de cartes. Les deux familles du rez-de-chaussée ont été enfouies sous les décombres. Quant aux autres habitants, ils ont pu fuir le drame avec des blessures plus ou moins importantes », racontera-t-il sur un ton difficilement audible dû certainement au choc. Et d'ajouter : « La bâtisse dans laquelle nous vivons menace ruine depuis plusieurs années. Elle est la propriété d'une dame qui, par le biais de la police, nous a fait signer un document pour dégager toute responsabilité quant à un éventuel effondrement. Mais la crise de logement nous a poussés à courir le risque qui s'est avéré fatal pour la plupart d'entre nous. » En effet, dans un document/constat de l'Office communal de restauration et d'aménagement des vieux quartiers de Annaba (Ocrava) daté du 31 décembre 2003, cet office déclare que « des fissures très nuisibles lézardent le faux plafond en latté et plâtre, exiguïté de l'espace habitable, manque d'éclairage, d'aération et d'ensoleillement avec un taux d'humidité très élevé. Conclusion : espace non habitable ». Si ce constat avait été pris en considération par les autorités locales, ce drame aurait été évité. Rappelons que Annaba a connu un drame similaire au début de cette année à la salle omnisports Safsaf, où un important incendie s'est déclaré rendant l'infrastructure inutilisable. Il y avait 147 personnes composant 49 familles entassées provisoirement. Bilan : un mort et plusieurs blessés.