C'est par une petite phrase sibylline à une agence de presse italienne que le président Bouteflika a évoqué son « troisième mandat » et c'est sur la base d'une « indiscrétion médicale » qu'un journal arabophone a révélé que le chef de l'Etat n'est désormais plus « astreint » à la convalescence imposée par ses soignants depuis novembre 2005. Voilà deux nouveaux ingrédients sur le terrain de la spéculation sur la présidentielle d'avril 2009 auquel on peut ajouter un troisième, même s'il est récurrent : la remise sur le tapis, durant la campagne électorale en cours, par Belkhadem de « la nécessité » d'une révision constitutionnelle. S'il ne le dit pas ouvertement, le secrétaire général du FLN est obsédé par le verrou des « deux mandats » empêchant Bouteflika de briguer un autre quinquennat. Aussi cherche-t-il à le faire sauter, glissant sa proposition dans un paquet d'amendements, de moindre importance. Il apparaît aujourd'hui que l'on soit devant une répartition des tâches : Bouteflika entretient le doute et le flou artistique tandis que Belkhadem et l'entourage qui lui est resté fidèle crient haut et fort qu'il ne peut y avoir d'autre président de la République que celui qui est en poste actuellement. Accessoirement relayé par les chefs des deux autres partis qui composent l'alliance présidentielle, le secrétaire général du FLN tente de réunir et d'organiser le maximum de troupes pour la bataille de 2009. Il se positionne en appui à Bouteflika, lequel développe une autre stratégie. Certes en refusant d'abattre ses cartes, il met en relief un trait de sa personnalité, énigmatique et soupçonneuse. Mais il est déjà en train d'essayer de couper l'herbe sous le pied à tous les postulants potentiels à la présidentielle : ils ne devront pas avoir le temps d'émerger et de s'implanter ; entre lui et eux, il faut qu'il y ait un abîme. Un remake de 2004, cette fois-ci après deux années « d'affaiblissement » physique et politique qui ont créé un vide exploité par les adversaires. Avec la fin de la convalescence, c'est, pour le président de la République, le retour aux discours enflammés et aux grands-messes populaires que ne pourront restreindre que les questions sécuritaires au vu du précédent de l'attentat kamikaze de Batna. Ce sera le déroulé de 2008, dernière année d'un long règne dont le régime n'a jamais pensé qu'elle puisse sonner sa fin. Reste le bilan. Il y aura la litanie des chiffres ronflants, à l'image de celle qui a abreuvé les téléspectateurs durant le Ramadhan écoulé. Mais l'autre bilan, le vrai, celui de la halte sur la vie des Algériens et des Algériennes, leur quotidien de privations et de frustrations. Les émeutes, le chômage et les fins de mois impossibles. Les jeunes surtout coincés entre la tentation kamikaze et la barque du harraga. Ce bilan-là aura-t-il des chances d'être livré ?