Le trafic ferroviaire à Alger et sa région est resté hier encore perturbé suite à la grève illimitée qu'ont déclenché depuis samedi les conducteurs de train de la région centre du pays. Le mécontentement de ces quelque 150 cheminots reste polarisé sur l'amélioration des conditions de travail et une augmentation des primes de sécurité face aux risques qu'ils encourent. Voyager par train en Algérie reste parfois, voire souvent une galère. La montée de la délinquance juvénile n'a pas épargné les trains. Les jets de pierre contre les trains causent énormément de dégâts. Auxquels s'ajoute le risque sécuritaire auquel sont exposés quotidiennement les conducteurs. Beaucoup de conducteurs de locomotive ont d'ailleurs perdu leur vie ces dernières années à cause de ces actes de vandalisme. La grève était donc, selon ses initiateurs, le seul moyen pour faire entendre les revendications du personnel roulant. Mais pour la direction générale de la SNTF qui a saisi la justice par un dépôt de plainte contre les grévistes, « cette grève est illégale ». Le directeur régional d'Alger de la SNTF, M. Saïdi, a déploré cette grève qui a été décidée sans préavis, ce qui a nettement perturbé le trafic ferroviaire et pris les usagers au dépourvu. Selon lui, les syndicalistes n'ont pas respecté la législation en vigueur en matière d'arrêt de travail. « Il y a des étapes à respecter, il y a eu ni préavis de grève ni assemblée générale. Par conséquent, c'est une grève illégale », selon notre interlocuteur. La SNTF a lancé un appel à la reprise du travail et du dialogue, il n'empêche, les grévistes semblent décidés à durcir leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications. La fédération nationale des cheminots, entité affiliée à l'UGTA, s'est dit, pour sa part, « surprise » par cette grève. « Cette grève instantanée des conducteurs de train de la région d'Alger est illégale », estime le chargé du social de cette fédération, M. Benzitouni. Contacté, ce dernier précise d'emblée que cette action « n'est pas initiée par la fédération sachant qu'il y a un pacte social qui a été signé entre l'UGTA et le gouvernement ». Il s'étonne de l'action initiée par ces conducteurs d'autant que, selon lui, « une plateforme de revendications a été déposée le 4 novembre 2007 qui touche l'ensemble des cheminots et la part du lion revient au personnel roulant ». Dans cette plateforme, il est question, a-t-il précisé, de revoir à la hausse la prime kilométrique (PRK) et l'indemnité de déplacement particulier (DRP). Des négociations devaient être entamées autour de cette plateforme le 18 novembre dernier mais elles étaient retardées suite à cette grève. M. Benzitouni a d'ailleurs appelé les grévistes à la sagesse et à cesser leur mouvement pour faciliter ces négociations. Il a rappelé aussi qu'en janvier 2007, les cheminots avaient bénéficié d'une augmentation de 10% du salaire et de quelques primes qui touchent quelques services, et en septembre 2007, il y a eu une autre augmentation. Notre interlocuteur estime au total environ 19% d'augmentation. M. Benzitouni doute de ceux qui sont derrière cette grève en appelant à arrêter « l'hémorragie ». A noter qu'un service minimum vers les destinations de Thenia et El Affroun a été assuré par la direction générale de la SNTF.