L'ensemble des services publics est concerné par le débrayage qui a paralysé la Sntf. Comme annoncé précédemment lors de la réunion de la section syndicale de la région d'Alger, tenue le 5 mai dernier, les cheminots sont entrés en grève depuis hier. Le secteur du transport ferroviaire était presque complètement paralysé. «Nous poursuivrons notre grève jusqu'à satisfaction de nos revendications», a affirmé hier un responsable syndical des travailleurs au niveau de la gare Agha d'Alger. Sur les lieux, le mécontentement des voyageurs était visible sans pour autant perdre l'espoir de voire les trains siffler de nouveau. «Je vais encore attendre quelques heures, sinon je prendrai le bus ou le taxi», déclare Imad, un habituel voyageur de train qui tentait de se rendre à Boumerdès. Les trois secteurs que compte la Sntf, à savoir l'infrastructure, le matériel et l'exploitation, ont été bloqués. Les syndicalistes rencontrés hier ont déclaré que la grève ne concerne pas juste Alger. «C'est une grève nationale en dépit du fait que le mot d'ordre de grève n'ait pas été suivi dans certaines wilayas», ont ajouté les syndicalistes. Ces derniers accusent leur fédération de fuir ses responsabilités. Sous couvert de l'anonymat, un syndicaliste a révélé que «le secrétaire général de la Fédération des cheminots, M.Derradji n'a même pas assisté à la réunion du 5 mai dernier», et d'enchaîner, «cette fédération affiliée à l'Ugta n'a pas tenu de conseil fédéral depuis des mois, c'est illégal.» Les cheminots exigent les 20% d'augmentation sur leurs salaires promis par les pouvoirs publics, ainsi que l'augmentation de la prime de risque liée aux longs déplacements. «Les pouvoirs publics devront assumer les perturbations qu'engendrera cette grève» a menacé un travailleur pour qui «les pouvoirs n'interviendront que lorsque les répercussions du débrayage touchent les trains de transport de carburant, dans deux ou trois jours». Lors d'un point de presse au niveau du siège de la Fédération nationale des cheminots, M.Bechikhi Djamel, secrétaire national chargé de l'information de la FNC,a déclaré que «même si cette grève a lieu sans l'aval de la Fédération elle demeure tout à fait légitime. Les cheminots sont lésés par les pouvoirs publics. Aussi, nous soutenons les revendications des travailleurs». Le même interlocuteur a ajouté que la Fédération nationale des cheminots soutient l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail. Concernant les accusation des travailleurs qui affirment que la Fédération a fui ses responsabilités, Djamel Bechikhi soutient qu'«après la signature des conventions de branches, et après avoir constaté que les cheminots ne figuraient pas parmi les secteurs concernés, on a procédé à d'autres démarches. On a adressé des lettres aux pouvoirs publics, notamment le ministère des Transports mais restées sans suite». Ainsi, hier ce sont des centaines de voyageurs qui sont restés à quai. Ce débrayage surprise a causé d'énormes désagréments. Cela fait trois mois que la section syndicale des mécaniciens a déposé une plate-forme de revendications accompagnée d'un ultimatum d'un mois, reconduit deux fois de suite. Comme pour tous les autres corps sociaux et les autres syndicats, les revendications des cheminots sont d'abord d'ordre salarial et professionnel. Ils demandent à la direction de la Sntf (Société nationale des transports ferroviaires), une amélioration de leur situation socioprofessionnelle, sécuritaire et l'augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements. La majoration de la prime de risque, celle du kilométrage, l'obtention d'une prime de restauration ainsi que les augmentations de salaire décidées par la dernière tripartite et la révision de la grille des salaires sont, entre autres, les revendications des grévistes.