Longtemps attendu, le statut du journaliste est fin prêt. Entamé il y a plus d'une année, ce projet de loi a pris forme et se trouve actuellement au ministère de la Communication qui n'attend que l'avis des éditeurs de presse, publics et privés, pour le soumettre au conseil de gouvernement en vue de son approbation. Fait sous forme d'un décret exécutif, ce texte de loi a été réalisé par une commission composée de membres du Syndicat national des journalistes (SNJ), des représentants du ministère de la Communication, des experts dans le droit à l'information et d'un représentant de l'UGTA. Le ministère du Travail et de la Sécurité sociale a bien donné sa contribution. Le SNJ trouve le texte assez intéressant dans le sens où il permettra une bonne organisation du secteur de la presse et garantira les droits des journalistes. Nadir Benseba, responsable de l'organique au sein du SNJ, affirme que le texte de loi a été élaboré sur la base des expériences d'autres pays plus avancés en matière de presse et de liberté d'expression. « Cela tout en tenant compte de la particularité algérienne », précise-t-il. Jugeant le projet de loi globalement bon, notre interlocuteur relève cependant certains manquements liés notamment au droit à une retraite spécifique. Selon lui, le SNJ a milité notamment au sein de la commission pour que l'on ramène l'âge de la retraite à 55 ans pour les hommes et à 50 ans pour les femmes. Cela en considérant le travail de journaliste comme des plus usants. Nadir Benseba fait remarquer que le projet de loi a été salué par les congressistes de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui se sont réunis en mai dernier à Moscou, en Russie. Le texte de loi reste « une première » en Algérie. Mais à part le code de l'information de 1990 consacrant l'ouverture partielle du champ médiatique en permettant la création de journaux et d'agences de presse privés, le journaliste algérien n'a jusque-là eu aucun autre texte de loi qui organise sa profession et qui garantit ses droits socioprofessionnels. L'absence de base juridique balisant l'activité journalistique a créé un environnement professionnel de non-droit. La corporation évolue ainsi dans la peur, la précarité et le manque de liberté. Nadir Benseba souhaite que ce projet de loi soit adopté dans les plus brefs délais, cela pour « mettre un terme de manière définitive notamment à l'exploitation de jeunes journalistes par certaines entreprises de presse ». Ce projet de statut du journaliste repose juridiquement sur la loi 90-11 sur l'information adoptée le 21 avril 1990. Il s'applique à l'ensemble des journalistes et assimilés, salariés, permanents ou contractuels exerçant dans les organes de presse publics, privés ou créés par des associations à caractère politique, ainsi qu'aux collaborateurs de presse et correspondants de presse ayant le statut de salariés et aux journalistes salariés accrédités. Ce texte énonce les règles de discipline, du secret professionnel, les conditions d'exercice de la profession de journaliste, la durée de travail ainsi que la sécurité et la santé au travail. Le projet de loi classifie les catégories professionnelles du journaliste, allant ainsi du professionnel au contractuel en passant par le collaborateur, le stagiaire et le journaliste accrédité. Si le texte est jugé « globalement bon » par le SNJ, il est attendu que la corporation des journalistes apporte sa contribution en vue de le peaufiner.