La profession journalistique va enfin se doter d'un statut professionnel. Longtemps laissé sans protection, ni droits, le journaliste algérien s'est trouvé en proie à ses employeurs, ainsi qu'aux aléas de la vie sans cadre juridique lui permettant de faire face aux différents cas d'abus et d'atteinte. Sans déclaration à la sécurité sociale, victime de licenciements abusifs, absence de plan de carrière, ce sont là quelques maux dont souffre le journaliste qui, pourtant, fait de son métier « la voix des sans voix ». Ce qui était un simple projet en juin 2006, est aujourd'hui devenu réalité avec la toute prochaine présentation du projet de statut du journaliste sur le bureau du secrétariat général du gouvernement. Syndicat national des journalistes, ministère de la Communication, ministère du Travail ont joint leurs efforts pour rendre possible la création d'une commission se chargeant de concevoir ce cadre juridique devant consacrer les droits et devoirs du journaliste. « Nous sommes souvent confrontés à des cas de licenciement, de non-déclaration à la sécurité sociale, mais le vide juridique nous handicape et nous empêche d'être efficace dans nos actions », explique Kamel Amarni, secrétaire général du SNJ, qui souligne que le syndicat n'a eu de cesse de revendiquer la dotation de la corporation d'un cadre juridique. Cette revendication a fini par trouver un écho en juin 2006 avec la réhabilitation du ministère de la Communication. Une commission mixte, composée du SNJ, des ministères du Travail et de la Communication, d'experts en sciences de l'information, ainsi que de juristes, a élaboré avec l'aide de l'UGTA un texte définissant entre autres dispositions, ce qu'est la profession du journaliste, ses droits, ses obligations. « L'avant-projet de statut réglemente le recrutement, les périodes de stages, oblige l'employeur à respecter la législation pour aller vers l'adoption d'une convention collective. En fait, ce statut vient mettre fin à un vide juridique qui dure depuis trois décennies », explique Kamel Amarni, en soulignant que le statut facilite le recours à des poursuites judiciaires. En termes de mesures concrètes, le texte prévoit de limiter la période de stage à un délai maximum d'une année, au cours de laquelle le stagiaire doit être assuré. « Grâce au nouveau texte, les congés divers deviennent obligatoires, de même que l'assurance vie en cas de mission d'un journaliste dans un pays en guerre », dira le SG par intérim du SNJ. Pour Mme Mokhtari, juriste chargée par le ministère de la Communication de siéger dans ladite commission, le projet de statut vient répondre à une préoccupation exprimée par l'ensemble de la corporation. « L'article 4 de la loi portant code du travail stipule qu'une catégorie de travailleurs journalistes a droit de garantir ses intérêts, nous avons donc planché sur la question en consultant toutes les parties concernées, syndicat, éditeurs, spécialistes, et aujourd'hui le projet est fin prêt et ne va pas tarder à être présenté en conseil de gouvernement », nous confie-t-elle, en soulignant que le statut tel que conçu « préserve les intérêts de l'employeur et protège le journaliste ».