La future loi sur l'information devrait réglementer la publicité et les sondages, mais aussi aborder des questions comme le statut du journaliste ou le code de déontologie de la presse. L'avant-projet de loi sur l'information sera sur le bureau du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia en décembre prochain. C'est Boujemaâ Haïchour, ministre de la Communication, qui l'a affirmé lors d'un entretien à Liberté. Le texte de loi qui régira la profession de journalisme ne sera cependant pas soumis à la corporation avant son approbation par le Chef du gouvernement, annonce également le ministre. “On doit d'abord le soumettre au Chef du gouvernement avant de le présenter à la presse”, note Boujemaâ Haïchour. Pourtant, les assises de la presse avaient été annoncées en grande pompe par le ministre de la Communication qui a avancé la participation de pas moins de 600 journalistes à ce rendez-vous “pour enrichir le texte de loi”, disait-il. Finalement, les professionnels de la presse ne pourront s'exprimer sur la copie de Haïchour qu'après son adoption en Conseil de gouvernement. À quoi serviraient alors les assises de la presse ? “Vous ne voulez tout de même pas prendre connaissance du projet avant le gouvernement ?” répondra le ministre pour lequel “les journalistes ne peuvent s'exprimer sans avoir entre les mains un avant-projet de loi du gouvernement comme une base de données et les orientations des pouvoirs publics”. Même la commission de révision de la loi sur l'information installée durant l'été dernier par Haïchour n'aura pas son mot à dire sur le projet de loi. C'est Haïchour lui-même qui le reconnaît en expliquant que cette structure boycottée, pour rappel, par le Conseil de l'éthique et de la déontologie, le Syndicat national des journalistes (SNJ) et le Comité pour la libération de Benchicou et de Ghoul (constitué des éditeurs de Liberté, d'El Watan, du Soir d'Algérie, du Matin, d'El Khabar et d'El Fadjr) “n'est en fait qu'une commission technique”. “Son travail, dira Haïchour, a consisté uniquement à faire un état des lieux sur la corporation sans pour autant exprimer des propositions ou recommandations sur ce que devra contenir le projet de loi portant sur l'information.” Dans la future loi sur l'information, il sera question de la loi sur la publicité et les sondages, du statut du journaliste, mais également d'un code de déontologie de la presse. Sur ce point, M. Haïchour insistera sur l'impératif de doter la corporation d'un code de déontologie même si cela équivaut à une ingérence du gouvernement dans la gestion interne à l'éthique de la presse. Bien qu'il ne soit pas convaincant, M. Haïchour arguera à ce sujet que “s'il y avait un code de déontologie, il n'y aurait pas tous ces dérapages de la presse écrite”. Interrogé sur les raisons qui font que les imprimeries de l'Etat ont beaucoup plus de facilités à demander aux journaux privés, critiques envers le président de la République et le gouvernement, de payer leurs dettes contrairement aux journaux publics et parapublics, M. Haïchour indiquera que cela ne relève pas de ses “compétences”, tout en reconnaissant que les dettes des journaux proches du gouvernement représentent la bagatelle de 300 milliards de centimes. La gestion des imprimeries de l'Etat relève “plutôt des prérogatives du département de Yahia Hamlaoui, le ministre délégué aux Participations de l'Etat”, notera encore le ministre. Il expliquera à ce sujet que “la nature des rapports existant entre les imprimeries et les journaux sont de nature commerciale” avant de préciser que “ce qui relève de mes compétences est de faire en sorte d'avoir un droit de regard sur la liberté d'expression”. Interrogé sur “l'apaisement” qu'il a prôné des mois durant instaurer dans les relations entre le gouvernement et la presse indépendante, alors que le directeur de Matin, Mohamed Benchicou, et le correspondant de Djelfa Hafnaoui Ghoul sont encore en prison, M. Haïchour, tout en disant “regretter que des journalistes soient mis en prison”, soulignera que ces derniers “devraient assumer leurs écrits”. N. M.