Michelin, fabricant français de pneumatiques, a profité du challenge Bibendum en Chine, le plus important forum international sur la mobilité durable qui rassemble constructeurs de véhicules, industriels du secteur de l'automobile et représentants des gouvernements pour affirmer qu'il n'a pas l'intention de se retirer du marché algérien. Shanghai (Chine). De notre envoyé spécial Dans un entretien qu'il a accordé en exclusivité à El Watan, Jean-Dominique Senard, directeur financier et troisième gérant de Michelin, a tenu à préciser qu'il n'a jamais été question de tourner le dos à un marché plein de promesses, encore moins de fermer la seule usine d'Afrique qui semble, selon lui, donner satisfaction « même s'il y a encore du travail à faire », reconnaît-il. Il a cependant tenu à préciser que le climat des affaires en Algérie doit s'améliorer pour permettre une équité à même de drainer les investisseurs et encourageant ceux qui sont présents sur ce marché à s'engager pleinement. Le journal économique français La Tribune avait jeté le trouble en affirmant que le manufacturier français « pourrait à terme fermer son usine » de pneus à Alger. Le journal a évoqué les interrogations du fabricant français de pneus sur son avenir dans le pays et cite « un proche du dossier » qui évoque les coûts de production de l'usine d'Alger « relativement élevés par rapport aux autres sites du groupe ». Elle souffre de délestages électriques à répétition. L'an dernier, « Michelin-Algérie a comptabilisé 50 coupures d'électricité », a rapporté La Tribune. Les difficultés rencontrées ont déjà été exposées il y a bien longtemps par Jean-Yves Caux, directeur général de Michelin Algérie (voir El Watan du 9 décembre 2006), qui cite « l'efficacité des services de l'Etat qui reste perfectible, les douanes et le marché informel et la concurrence déloyale ». Il n'a cependant jamais été question de fermer l'usine. Lors de cet événement, Michel Rollier, gérant associé commandité, a affirmé : « Le pic à 100 dollars par baril de pétrole des derniers jours et les conclusions tant attendues du panel intergouvernemental sur le changement climatique ont renforcé le sentiment d'urgence quant à une action immédiate pour adapter la mobilité aux réalités d'aujourd'hui. Notre monde s'urbanise rapidement et a de plus en plus besoin d'énergie. Il montre aussi des signes irréfutables de réchauffement et nous ne pouvons continuer d'accepter les coûts humains et sociaux des accidents de la route. » Le message à transmettre est simple : notre héritage pour les générations présentes et futures en ce qui concerne le transport routier doit être d'avoir conduit une analyse correcte des problèmes et d'avoir agi de plein droit et avec force pour les résoudre. La bataille à gagner est de faire partager cette vision aux gouvernements et de sortir avec des éléments de feuille de route. Silva Rodriguez, directeur général pour la recherche à la Commission européenne, a rappelé qu'en mars dernier, les chefs d'Etat et de gouvernement réunis ont annoncé trois ambitieux buts à atteindre à l'horizon 2020 : réduire les émissions du CO2 de 20%, veiller à ce que 20% de l'énergie consommée viennent de l'énergie renouvelable et augmenter l'efficacité énergétique de 20%. Cependant, le secteur privé doit suivre le mouvement et que l'esprit de coopération soit étendu au-delà de l'Europe. En septembre dernier, un livre vert a été adopté par la Commission européenne sur la mobilité urbaine. L'objectif est le lancement d'un débat et d'une consultation qui vise à l'identification des obstacles et débouchent sur des solutions concrètes. Si cet événement a eu lieu en Chine, ce n'est pas simplement pour parler environnement même si le discours écologique est dans l'air du temps. C'est aussi un clin d'œil au marché chinois et une volonté du groupe Michelin de jouer un rôle plus important.