Le titre de l'ouvrage à lui seul est tout en programme. Lyon, capitale des outre-mers vient de paraître, publié à La découverte, fruit de la collaboration d'une cinquantaine d'auteurs, fort de cinq-cents documents et photographies inédits. Lyon : De notre correspondant L'ouvrage cartonné sous la direction de Nicolas Bancel, Léla Bencharif et Pascal Blanchard (avec une préface de Didier Daeninckx et en collaboration avec Abdelkader Belbahri, Ahmed Boubeker, Abdelatif Chaouite, Eric Deroo, Aïssa Kadri, Sandrine Lemaire et Philippe Videlier), est un voyage initiatique des migrations en Rhône-Alpes et en Auvergne. De 1872 à aujourd'hui, l'histoire exceptionnelle, constituée par une diversité de cultures, de mémoires et de récits. La parution du livre qui aboutit grâce au travail entamé en 2000 du groupe de recherche Association connaissance de l'histoire de l'Afrique contemporaine (Achac - Colonisation, immigration, post-colonialisme -) s'accompagne d'une exposition, à la bibliothèque du 1er arrondissement de Lyon, sur le thème de « Le temps des colonies à Lyon ». La troisième ville de France a, en effet, été un point focal de l'histoire coloniale. Dans l'introduction du livre, on lit ainsi, pour ce qui concerne l'Algérie : « Au lendemain de la conquête, bien avant l'engouement lyonnais pour l'Asie du Sud-Est, la ville reçoit avec faste en mars 1838 une délégation algérienne dirigée par Mouloud Ben Arrach, Khalifa d'Abdelkader ». « Cet important personnage était accompagné de trois Arabes de la province d'Oran, (d'un) Maure d'Alger nommé Ahmed Abou Derbah, et de Ben Durand, négociant juif de la même ville. » Quinze ans plus, Abdelkader fait halte à Lyon et à Valence avant de se rendre en exil en Syrie, alors qu'il vient d'être libéré de sa résidence forcée du château d'Amboise à l'occasion du rétablissement de l'Empire par Louis-Napoléon. Le 12 décembre 1852, il sera reçu dans la liesse populaire par les Lyonnais, qui se montrent fortement impressionnés par la délégation qui accompagne l'émir. Plus tard, Lyon abritera une exposition coloniale, en 1894, la première du genre dans la « métropole » : « Les visiteurs peuvent découvrir les pavillons d'Algérie, d'Afrique noire et d'Indochine, déjeuner au ‘'restaurant arabe'', admirer la ‘'caravane algérienne'' et de nombreuses autres animations, se constituant une culture coloniale bien avant les autres populations françaises… Après 1894, les ‘'expositions ethnographiques'' vont se succéder autour de la vallée du Rhône, jusqu'à l'exposition coloniale de Lyon en 1914, moins fastueuse que la précédente mais signe que la ville revendique son statut de ‘'capitale coloniale'' qui a rivalisé avec Bordeaux et Marseille et joué un rôle majeur dans l'entreprise coloniale ou les échanges avec l'Extrême-Orient. » Les régions Rhône-Alpes et Auvergne, de Lyon à Vichy, de Saint-Etienne à Grenoble, de Valence à Clermont-Ferrand, et jusqu'en Saône-et-Loire, ont entretenu – et entretiennent encore –, géographie oblige, une relation unique avec ces voyageurs, travailleurs, artistes, soldats et rapatriés venus des Sud. Cet ouvrage est le sixième de la collection Un siècle d'immigrations des Sud en Métropole, après Le Paris noir (2001) ; Le Paris arabe (2003) ; Le Paris Asie (2004) ; Marseille Porte sud (2005) et Sud-Ouest, Porte des outre-mers (2006). Pour en savoir plus : www.achac.com