Les défis qui attendent les PME/PMI algériennes face à la globalisation ont fait état d'un large débat hier à Alger. Sur initiative de l'Institut national du commerce (INC) d'Alger, le premier colloque international organisé, à cet effet, a réuni d'éminentes personnalités nationales et internationales, mais en l'absence, fort relevée d'ailleurs, des ministres de tutelles. Abdelhamid Berchiche, ex-ministre, sénateur et président du conseil scientifique de l'INC, a indiqué à ce propos que l'absence des ministres du Commerce qui s'est contenté d'un représentant, ceux de la PME/PMI et de l'industrie, ou encore celui des Participations « démontre tout l'intérêt qu'ils portent sur ce secteur ». Pour M. Berchiche, « il y a un manque de cohérence et d'harmonisation ». Ce qui est, de son avis, « une marque de faiblesse ». En présence d'invités de marque qui ont eu à exposer les expériences françaises, italiennes, allemandes et même syriennes et marocaines, mais aussi des experts et universitaires algériens, M. Berchiche a indiqué que le constat sera fait « sans complaisance » entre universitaires, et c'est aux concernés d'intervenir, tout en regrettant qu'ils ne soient pas là. « Notre travail consistera à montrer les faiblesses et faire des recommandations pour améliorer la situation », a-t-il ajouté. Evoquant les défis à relever par les PME/PMI algériennes face à la globalisation, le président du conseil scientifique de l'INC qui a plaidé pour l'ouverture de l'université sur son environnement, dira qu'« en dépit du fait que nous n'avons pas un ministère des PME, nos opérateurs économiques et les universitaires ne savent pas encore les défis de nos PME face à la globalisation ». Avec l'adhésion à l'OMC et la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE, dit-il, « nous ne savons pas très bien dans quelles mesures nos PME peuvent affronter les problèmes de la mondialisation ». Pour lui, les PME doivent faire un effort pour s'équiper de systèmes d'information, et leur conseiller le benchmarking pour se comparer à d'autres. « Nous avons tendance à marginaliser nos compétences que ce soit au niveau étatique, gouvernemental ou entrepreneurial. Nous avons des compétences, il faut les mobiliser », a-t-il indiqué en estimant la mobilisation des compétences comme un défi à relever. Autre défi évoqué par notre interlocuteur, relève de l'innovation. Une sorte d'adaptabilité à l'environnement international, a-t-il dit. Pour sa part, Sid Ahmed Tibaoui, le DG du World Trad Center Algérie a, dans une communication sur la globalisation et les stratégies des PME/PMI, indiqué que sur les 400 000 PME en Algérie, 2000 ont plus de 20 employés, concentrées sur 10 wilayas du Nord et créent environ 1,2 million d'emplois. Pour lui, l'ajustement structurel de 1994 a sapé l'essor annoncé des PME/PMI entamé à la fin des années 1980, tout en relevant que les entreprises sont déstructurées, sans management et avec une structure familiale qui les empêchent de se développer et s'organiser pour séparer le capital de la gestion. Pour lui, les solutions doivent venir de l'entreprise, en prenant conscience de prendre des mesures en matières d'organisation, de ressources humaines, et surtout de formation. Quant au rôle de l'Etat, le conférencier le résume à la facilitation de l'accès au foncier et l'accès aux crédits. Un accès aux crédits des banques publiques mais aussi privées installées en Algérie, car, selon ses dires, ces dernières sont tournées vers le commerce extérieur et ne créent pas comme elles le font chez elles une intermédiation financière pour répondre à la spécificité des PME/PMI. M. Sibaoui a indiqué, par ailleurs, à propos des programmes de mise à niveau, que sur les 700 entreprises bénéficiaires, seulement 400 ont étés réellement touchées. Et de relever, enfin, par comparaison à d'autres pays développés que dans l'UE, 99% des entreprises sont des PME. En Italie, 80% de l'emploi proviennent de PME, et représentent 60% des exportations, dit-il. En Algérie, seulement 300 millions de dollars sont l'œuvre des exportations de PME manufacturières, ajoutera-t-il.