Le secrétaire général du FLN et néanmoins chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a été hier l'invité de l'émission « Fi el wadjiha » de la Chaîne I de la Radio nationale. Loin des réserves connues dans ce genre de talk-show de campagne, le jeu des questions et réponses avec le patron du FLN fut vraiment chaud… Morceaux choisis. Pourquoi donc tous les partis politiques ont mené des campagnes autour des slogans et autres thèmes socioéconomiques, vous vous êtes singularisés par un appel du pied à un troisième mandat pour le président Bouteflika ? Nullement gêné par la question, Abdelaziz Belkhadem assène que « ceci n'est pas un slogan de campagne, mais une revendication populaire ». Comprendre que le FLN fait siennes les préoccupations du peuple… Ne pensez-vous pas monsieur le secrétaire général que la revendication d'un 3e mandat est en soi une régression politique en ce qu'elle porte atteinte au principe de l'alternance au pouvoir ? Très à l'aise, M. Belkhadem répond : « En quoi cela porterait-il atteinte à l'alternance dès lors que c'est le peuple lui-même qui réclame ce 3e mandat ? Le peuple ne s'est pas encore prononcé et c'est justement ce que vous préparez à travers l'appel à une révision de la Constitution, avons-nous repris. M. Belkhadem : « Justement, nous au FLN, nous encourageons le Président à aller à un troisième mandat, mais le dernier mot lui revient. « Surtout que M. Bouteflika est également président d'honneur du FLN », avons-nous ajouté. « Oui, c'est notre président donc notre candidat aussi. » Comment expliquez-vous M. Belkhadem que de par le monde, la mode est à la réduction de la durée du mandat présidentiel comme cela a été le cas en France (passage du septennat au quinquennat sous Chirac) alors que vous en Algérie, vous voulez inverser la tendance ? « Encore une fois, il n'y a aucun problème puisque c'est le peuple qui le veut. Dites à celui-ci (le peuple) pourquoi il veut prolonger la mandature de Bouteflika. » Des BTS au TNM… Voulant appuyer son argumentaire, le patron du FLN a cité l'exemple (le mauvais exemple) de Tony Blair qui est resté seulement deux mandats entre mai 1997 et juin 2007… Interrogé, si la présence de plusieurs ministres originaires d'une seule région, voire wilaya (Tlemcen), ne risque pas d'être assimilée à du régionalisme dans le choix des responsables par le Président, M. Belkhadem s'écrie vigoureusement : « Où est ce régionalisme ? Citez-moi ces 16 ministres de Tlemcen dont vous parlez. » Le SG du FLN s'est même proposé de nous aider à sérier les noms des ministres originaires de cette région puis reprend : « C'est faux tout ça, j'ai vraiment honte de parler de cela à la radio. Je sais qui colporte ce genre de rumeurs malveillantes. En tout cas, la rue en Algérie considère qu'on est passé des BTS (Batna-Tébessa-Souk Ahras) au TNM (Tlemcen- Nedroma-Maghnia), lui avons-nous fait remarquer. M. Belkhadem retrouve son calme et esquisse même un sourire en commentant que cela se raconte dans « la rue et les cafés ». L'animatrice allait clore l'émission, mais dès qu'on a proposé une dernière question sur la repentance, le secrétaire général du FLN, qui a accepté aimablement d'enfiler son autre « costume » de chef du gouvernement, a saisi l'occasion au vol. « Il n'est pas question pour nous d'abandonner l'exigence de la repentance de la France officielle pour ces crimes abjects commis en Algérie. Il ne saurait y avoir de réconciliation entre les deux peuples tant que l'ancienne puissance coloniale ne présente pas ses excuses au peuple algérien. » Invité à commenter les propos du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a estimé dimanche à Paris qu'il fallait « donner le temps au temps », le secrétaire général du FLN lancera à la cantonade : « Mais de qui se moque-t-on ? Pourquoi laisser le temps au temps, alors que la France a demandé pardon aux juifs et a exigé cela des Allemands. » « Je vous le dis clairement, nous allons entretenir des relations économiques avec la France, mais il n'est pas question de céder sur la repentance et cette exigence nous allons la laisser à nos enfants. » Et Enrico Macias ? « Je ne lui serrerai jamais la main, c'est un sioniste qui a chanté pour le Tsahal et qui soutient tous les massacre d'Israël en Palestine. Maintenant qu'il vienne en tant que chanteur ou simple touriste, je ne vois aucun inconvénient. » M. Belkhadem a tenu au passage à souligner qu'il n'a aucun problème avec les juifs, citant l'exemple du célèbre médecin de Constantine Paul Guedj, aujourd'hui décédé, dont il admire l'engagement en faveur de la révolution.