Le patron du FLN a mis en exergue, hier, les limites de la loi fondamentale votée en 1996, indiquant que le contexte politique actuel nécessite la révision de la Constitution. Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN et néanmoins ministre d'Etat, représentant personnel du chef de l'Etat, a défendu, hier, la nécessité d'une révision constitutionnelle. Lors de son passage à l'émission “Tahaoulet” de la radio chaîne I pour dresser son bilan de l'année 2005, Belkhadem n'a pas en effet cessé de défendre l'option de cette révision constitutionnelle. Refusant de s'exprimer au nom du président de la république, l'intervenant a néanmoins reconnu que l'idée d'une révision de la loi fondamentale a émané du chef de l‘Etat, lui-même, au tout début de son premier mandat : “c'est le président qui a parlé longuement de la nécessité de réviser la constitution”, a-t-il indiqué expliquant que “les arguments du président sont que la constitution actuelle ne s'adapte pas aux besoins de l'heure”. Le FLN n'en pense pas moins puisque de l'avis de Belkhadem, “la constitution de 1996 répondait aux besoins de cette époque qui ne concordent nullement avec les besoins actuels”. “Aujourd'hui, il faut clarifier la nature du régime constitutionnel”, a-t-il dit. Pour l'intervenant, il est impératif de définir les prérogatives du président. “Si l'on veut un régime présidentiel, il faut délimiter les prérogatives du président en tant que chef de l'exécutif ou alors si l'on veut un régime semi-présidentiel, il faut une définition claire des attributions du président et de celles de son chef du gouvernement”. Le patron du FLN considère qu'il est “anormal que le président soit élu sur la base d'un programme qui est celui de son gouvernement et que le parlement soit élu sur la base d'un autre programme”. “S'il y a contradiction entre le programme présidentiel et le parlement, quel est celui des deux programmes qui l'emportera ?” se demande l'invité de la radio tout en insistant sur l'impératif de revoir la première loi du pays. Existe-t-il une coordination entre les partis de l'alliance présidentielle (le FLN, le RND et le MSP) autour de ce projet de révision constitutionnelle ? “Non, il n'y a pas de coordination dans l'alliance sur cette question et sur d'autres projets initiés par le FLN”, a indiqué Belkhadem expliquant que son parti veut “devenir une force de proposition, c'est pour cela qu'il a lancé des groupes de travail sur la révision de la constitution, celle de la loi sur les partis, celle de la loi électorale et de la nécessaire révision des codes communal et de wilaya”. Quel avenir donc pour l'alliance présidentielle ? “Nous avons mis en œuvre cette alliance unie dans sa conception institutionnelle et économique pour mettre en œuvre le programme du président”, dit-il tout en précisant que “bien que l'alliance soit utile à la vie politique, elle ne constitue pas une dissolution des partis dans cet ensemble”. Interrogé, en outre, sur le devenir de la charte présidentielle portant paix et réconciliation nationale, Belkhadem a annoncé pour bientôt “une batterie de décrets présidentiels et d'avant-projets de loi qui seront soumis à l'approbation du parlement pour mettre en application les mesures de grâce, d'absence de poursuites judiciaires contre les terroristes telles que définies par la charte, les indemnisations des familles de victimes ainsi que la recherche de la vérité pour les familles de disparus”. Indiquant que la “réconciliation nationale intervient après l'amnistie”, l'orateur note que “les algériens ont compris qu'il faut condamner le terrorisme et s'en démarquer, que rien ne justifie les assassinats et les crimes et qu'il faut dialoguer et diverger de manière civilisée”. S'exprimant sur les résultats des partielles en Kabylie du 23 novembre dernier, le premier responsable du FLN s'est dit satisfait des résultats obtenus par sa formation. Pour lui, la leçon à retenir de cette élection est la “mise en échec des desseins de certaines parties voulant coûte que coûte singulariser la Kabylie et l'exploitation de la cause identitaire”. Belkhadem n'a pas non plus manqué de s'exprimer sur les relations algéro-françaises et algéro-marocaines. “Nous voulons voir les relations entre l'Algérie et la France développées, mais pas sur le dos de l'histoire falsifiée par la glorification de la colonisation à travers la loi du 23 février”, a-t-il affirmé. Pour ce qui est des relations algéro-marocaines, Belkhadem, qui exprimera le souhait de les voir “développées dans tous les domaines”, fera remarquer que “notre seule divergence avec le Maroc reste le Sahara occidental”. NADIA MELLAL