Les élections chez nous se suivent et se ressemblent. Les mœurs politiques (s'il en est) ne changent pas. Clientélisme, « arouchisme » et autres atavisme de pouvoir ont caractérisé le fonctionnement des organisations d'avant 1962, et ce, jusqu'aux institutions nées au lendemain de l'indépendance, et ont survécu jusqu'à nos jours. Ce serait pur euphémisme que de dire qu'ils ont encore de beaux jours sous les cieux de la République. Le vote de demain ne fera assurément pas exception, si l'on se réfère aux trois semaines de campagne qui ont pris fin lundi dernier. Pour la clôture, le FLN a « mobilisé » ses troupes par autobus entiers, à son dernier meeting à la Maison du peuple, à Alger. Il n'a pas été seul à recourir à ces bonnes vieilles recettes qui ont fait leurs preuves durant les 27 années de l'ère du parti unique. Depuis qu'il n'est plus l'unique formation politique du pays, le FLN a fait des émules. Des « préposés à l'applaudimètre » qui garnissent les travées des salles de meetings, ramenés contre un sandwich ou un billet de 200 dinars, des électeurs « achetés » sans vergogne par des candidats clientélistes contre une grosse coupure, la panoplie des « ficelles utilisées » pour la pêche aux voix est aussi longue que les doléances des citoyens en mal d'élus représentatifs. Il n'y aurait pas eu de candidats clientélistes s'il n'y avait pas de partis politiques qui acceptent de « vendre » des places d'élus contre sachets noirs en plastique remplis de dinars… En échange, une fois élus, ces candidats sauront « renvoyer l'ascenseur » à ceux qui auront été pour beaucoup dans l'obtention par les urnes de leur mandat qu'il soit local ou national. Plus significatif est l'exemple provenant de la ville de Tolga, mais que l'on pourrait généraliser à d'autres localités de l'Algérie profonde. Le président d'APC élu FLN, après deux mandats jugés « déplorables » par la population et qui se sont soldés par un séjour en prison, a pu facilement « rempiler » comme maire de la ville sous les couleurs d'une autre formation concurrente. L'édile local n'en restera pas là, il revient au FLN sans difficulté aucune et décroche un siège de député ! Entre-temps, tous ceux qui ont participé à ses élections successives ont sans aucun doute trouvé leur(s) compte(s). Quant aux citoyens de la ville, ils n'auront qu'à déplorer une fois de plus le fait d'avoir été abusés. Des cas du genre sont malheureusement légion à travers le territoire national. Il est d'ailleurs significatif qu'en dix ans, près de 700 présidents d'APC ont été démis de leurs fonctions et plus de 300 d'entre eux ont fait l'objet de poursuites judiciaires ! Si le « tourisme politique », pour reprendre l'expression d'un leader démocrate bien de chez nous, est encore possible, c'est sans doute parce que le choix des hommes reste, en l'absence d'une véritable élite politique moderne, en soi très archaïque. Du coup, l'idée même de bonne gouvernance, dont les chefs de l'Alliance présidentielle veulent en être les champions, perd tout son sens.