L'équilibre politique entre les trois formations a changé depuis la réunification du FLN et la désignation du chef de l'Etat à la tête du parti. Les responsables des partis de l'alliance présidentielle s'affairent à régler les derniers détails du sommet de mercredi, annoncé samedi par le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, également secrétaire général du RND, en marge de l'ouverture de la 32e session de l'OAT. Le prétexte choisi pour la tenue de cette réunion est la célébration du 1er anniversaire de la naissance de cet “ensemble politique” à la veille de la campagne de la présidentielle d'avril 2004. Au cours de cette rencontre qui se tiendra très probablement à l'hôtel El-Djazaïr, les trois chefs de parti, qui ne se sont pas vu depuis plus de dix mois, tenteront de recoller les morceaux et dépasser les couacs et les malentendus nés de l'examen d'un certain nombre de textes comme l'avant-projet de loi portant révision du code de la famille. Le sommet de mercredi prochain, même s'il est considéré comme une réunion ordinaire, revêt un cachet particulier. Il intervient au lendemain du congrès de réunification du FLN, écartelé entre deux clans opposés au moment de la mise en place de cette alliance. Toute l'importance est dans le regard que porteront les deux alliés au parti du ministre des Affaires étrangères. Car, au moment de la tenue de cette rencontre des trois formations que seul le soutien au Président réunit — donc aucune convergence de vues ni dénominateur commun entre les trois programmes —, l'analyse et les calculs changent entre “les alliés malgré eux”. La situation n'est plus celle d'avant le 8 avril 2004, ni même d'ailleurs celle d'avant la tenue du congrès du FLN. En réussissant à faire introniser le chef de l'Etat à la tête du parti, les vétérans du “système FLN” ont mis fin à l'alliance conjoncturelle, imposée par les impératifs électoraux d'avril dernier. Le retour en force de l'ancien parti unique annonce le début d'une guerre en sourdine entre les deux frères ennemis, le RND et le FLN. Une bataille qui se poursuivra à tous les niveaux jusqu'aux prochains scrutins qui auront à les départager. Les responsables des deux partis excelleront dans le soutien au chef de l'Etat. Avec un excès de zèle particulier qui faussera les compétitions traditionnelles entre formations politiques. Le parti de Ahmed Ouyahia, présenté comme éventuelle victime de cette résurgence de l'ancien parti unique, tentera au moins de résister et de conserver ses positions acquises durant la période de l'“égarement” du FLN. La réactivation de cette alliance, dont l'architecte n'est autre que l'actuel Chef du gouvernement, risque de profiter au parti islamiste, le MSP en l'occurrence, aujourd'hui perdu dans les méandres du système. Il reste que les trois formations que tout divise sont tenues momentanément de taire leurs divergences et se préparer pour animer la campagne pour le projet présidentiel de réconciliation nationale et d'amnistie générale. Mercredi prochain, Ouyahia, Belkhadem et Soltani tenteront de ressusciter médiatiquement un projet mort politiquement. Sauf que le président de la République est capable de chambouler tous les calculs à l'occasion des prochains changements qu'il compte opérer dans les institutions du pays. Sacrifiera-t-il l'alliance qui l'a soutenue durant le dernier scrutin présidentiel ou maintiendra-t-il cette structure sous perfusion jusqu'aux prochaines élections législatives ? Toute l'importance et l'intérêt résident dans la réponse et la suite que donnera le chef de l'Etat à cette question qui concerne le partenariat avec les trois formations composant l'alliance présidentielle. M. A. O.