Des kilomètres de banderoles, de slogans et de promesses, et en face, des montagnes de problèmes à régler dans cet Alger de plus en plus invivable entre une circulation congestionnée, des immeubles vétustes, une insécurité grandissante et des parkings saturés. Pour certains, la situation est tout simplement de l'ordre de la survie. Dans la haute Casbah, le calvaire de la famille Keffache illustre on ne peut mieux cette précarité. Lorsque Redouane, un membre de la famille, pousse la porte basse branlante de la douéra, il s'offre à nous le spectacle désolant d'une misère sociale innommable. Cinq familles sont parquées dans cette vieille bâtisse de deux étages. La famille Keffache est entassée dans une petite pièce sans fenêtre où l'eau, souvent usée, s'infiltre de toutes parts, obligeant la mère à faire une gymnastique pour maintenir matelas, couverture et linge à sec. Dans cette pièce unique se côtoient, pêle-mêle, un vieux buffet, des paillasses et une télé. « Nous sommes six frères et quatre sœurs. Pour tenir dans ce réduit, nous, les garçons, nous arrangeons pour passer la nuit dehors », confie Abdelkrim, 34 ans. « Nous avons déposé un dossier depuis des années pour l'acquisition d'un logement social. En vain. Pareil pour le participatif. Quand tu écoutes ces candidats, tu t'imagines logé, marié et avec des enfants. Dans les faits, que dalle ! », assène-t-il.