Les pluies diluviennes qui se sont abattues depuis le début de la semaine sur le nord du pays continuent de faire des victimes et paralysent beaucoup de villes côtières. Le bilan est d'ores est déjà trop lourd. Au moins onze personnes ont trouvé la mort et de nombreuses familles sont sans abri. Des ports et des routes sont encore bloqués et des ponts se sont effondrés, provoquant une paralysie générale. Les autorités communales, qui préparaient les élections locales d'aujourd'hui, se sont retrouvées impuissantes à prêter secours à des citoyens en difficulté. Ceci est le résultat d'un déficit flagrant, voire carrément d'une absence de moyens appropriés pour résoudre de telles situations. Et dire que nous ne sommes qu'à la fin de l'automne et que l'hiver s'annonce encore plus difficile. Ces intempéries ont, en tout cas, mis à nu la politique gouvernementale qui ne cesse de faire l'éloge de ses réalisations pour lesquelles d'énormes enveloppes budgétaires ont été consacrées. En effet, le gouvernement a alloué des budgets faramineux pour le développement des collectivités locales. Des enveloppes supplémentaires ont été également distribuées, depuis 2003, lors des tournées présidentielles dans les différentes wilayas du pays pour le même objectif. Où est passé tout cet argent ? Où a-t-il été dépensé ? Qui est responsable de l'état actuel des choses ? Il est vrai que les précipitations de ces derniers jours sont très importantes, mais cela ne justifie pas la défaillance des autorités à tous les niveaux dans la prise en charge des affaires des administrés. Les effondrements de ponts, les inondations des cités et les obstructions d'artères principales et axes autoroutiers témoignent du bricolage et du non-respect des normes requises dans la réalisation des projets et la prise en charge des affaires des citoyens. Mais, il semble qu'on ne retient pas toujours les leçons. Le déluge qui a emporté en 2001 Bab El Oued a été vite oublié. Les hautes autorités du pays recourent toujours aux mêmes promesses. Lors de sa tournée, avant-hier, dans les régions inondées de la banlieue ouest d'Alger, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a promis d'apporter une aide d'urgence aux sinistrés et a annoncé qu'il allait même faire appel à l'armée pour venir en aide aux sinistrés des zones isolées. Pour sa part, le ministre délégué chargé des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui s'est déplacé hier à Dellys (est de Boumerdès), a appelé « les citoyens à placer leur confiance en l'Etat et le laisser faire son devoir ». Des walis ont fait de même aussi dans leurs wilayas respectives. Est-ce suffisant, alors que la situation ne s'améliorera pas de sitôt et la population est toujours livrée à elle-même. Hier matin, trois femmes sont décédées dans la commune d'El Hamri à Oran, suite à l'effondrement d'une vieille bâtisse. Dans la wilaya de Blida, 32 familles résidant dans la commune de Ben Khelil se sont retrouvées sans domicile et ont été recasées provisoirement dans des établissements scolaires. La même situation a été enregistrée dans les wilayas de Chlef, Médéa, Djelfa et Aïn Defla. Selon un bulletin météorologique spécial (BMS), d'importantes chutes de pluies continueront d'affecter, aujourd'hui encore, les régions côtières et proches côtières de certaines wilayas du pays. Les cumuls, selon le même bulletin, atteindront ou dépasseront localement 100 mm.