Le président du Front national algérien (FNA) a exprimé hier à Alger ses craintes quant au bourrage des urnes lors du double scrutin d'aujourd'hui. Moussa Touati, qui s'exprimait hier lors d'une conférence de presse en son siège, à Alger, craint que les encadreurs des bureaux de vote n'influencent les électeurs dans leur vote en faveur de certains partis au pouvoir. C'est une option que Moussa Touati n'écarte pas dans la mesure où, selon lui, tous les encadreurs de ces élections qui sont désignés par l'administration ont des affinités politiques avec deux partis au pouvoir. Cela d'autant plus que « tous les chefs de daïra qui ont eu à désigner les encadreurs de bureaux de vote sont issus soit du FLN soit du RND ». Et par conséquent, pour le responsable du FNA, ces encadreurs peuvent si facilement influencer les électeurs dans le vote pour l'un de ces deux partis. M. Touati a par ailleurs dénoncé « le deux poids deux mesures » de l'administration dans le traitement des dossiers de candidatures. Le premier responsable du FNA a dénoncé « des pratiques arbitraires émanant des agents administratifs » lors de la préparation des listes électorales et durant la campagne électorale. Il compte à ce titre recourir à la justice pour faire la lumière sur ces « dépassements ». M. Touati appelle dans ce cadre tous les partis politiques ayant été victimes de la « partialité » de l'administration à faire valoir leurs droits auprès des instances judiciaires et invite le ministère de l'Intérieur à intervenir pour « réprimer » ces pratiques. Il dénonce le fait que son parti n'ait pas été traité pour ce qui est du dépôt des listes électorales de la même manière que les partis de l'administration. « Nous avons des preuves que les dossiers de certains partis n'ont pas été traités comme ce fut pour le FNA », dénonce-t-il. M. Touati donne le nombre de 160 dossiers de candidatures pour son parti que l'administration a rejetés pour des raisons, selon lui, « qui ne tiennent pas debout ». Il précisera aussi qu'il y a eu 665 autres dossiers de son parti qui ont été rejetés et remplacés. Sur un autre plan, en raison des craintes de la fraude qui persistent lors du jour du scrutin, M. Touati appelle l'ensemble des partis politiques à solliciter le ministère de la Justice pour l'installation d'une permanence judiciaire au sein des tribunaux et cours et déployer des huissiers de justice et des notaires avant le jour et après le vote pour superviser le scrutin. « On veut faire participer la justice dans la surveillance de ces élections pour parer à toute fraude », dit M. Touati. Il tient à avertir contre l'achat des voix des électeurs dans plusieurs wilayas du pays. « Il se passe des choses très dangereuses dans notre pays », regrette-t-il. Il appelle dans ce cadre à prendre « des décisions politiques » pour punir les responsables de ces actes pour protéger les voix des électeurs. Le FNA participe à ces élections avec 15 358 candidats dans 1084 APC et 2790 candidats dans 46 wilayas. Les candidats du FNA, selon le président de ce parti, ont à 85% moins de 40 ans dont 23% sont des universitaires.