Comme chaque année, à l'approche de la fête de l'Aïd El Adha, les maquignons occupent des pans entiers de la périphérie d'Alger et envahissent même le centre-ville de la capitale. C'est une très mauvaise habitude que celle de ces marchés informels qui s'installent un peu partout à travers les localités et les quartiers de la capitale, sans qu'aucun des concernés, c'est-à-dire les élus locaux au sein des 57 APC et les services de sécurité ne s'en soucie outre mesure. Que ce soit aux abords des routes et autoroutes, dans les parcs et jardins publics et même dans des magasins (transformés à l'occasion en vestibules), la vente du bétail attire les engraisseurs des Hauts-Plateaux en quête de gains substantiels. A défaut de réglementer la profession, on constate que les pouvoirs locaux (excepté quelques-uns) ne se sont jamais manifestés pour dégager des aires appropriées à la vente des ovins. Pis, des locaux commerciaux situés dans des artères principales, ont été transformés contre toute attente, en étables pour la vente de moutons et du foin et ce, au su et au vu de tout un chacun. Une démission collective des élus locaux et des forces de sécurité est flagrante face au rush des vendeurs professionnels et occasionnels de moutons. Ce constat est perceptible aussi bien à El Maqaria (ex-Léveilley), à Bachedjarrah, en plein centre-ville à Bab El Oued et dans plusieurs quartiers où la saleté est venue se mêler à la boue. A Aïn Naâdja, c'est encore pire. Les maquignons commencent à investir les lieux. Aux alentours du château-d'eau jusqu'aux limites de la station de transport urbain, des troupeaux de moutons, entourés par d'éventuels acheteurs, se multiplient chaque jour. Juste à côté, des jeunes désœuvrés, réputés pour leur débrouillardise, ont accaparé des trottoirs pour écouler des bottes de foin. Il y a même un forgeron qui a dégagé un espace pour accueillir le cheptel. Du côté de l'Ex-Fort de L'eau en prenant la RN 24 vers Quahouet Chergui, les maquignons sont visibles des deux côtés de la chaussée. Le même décor est perceptible aux abords de l'autoroute menant de Bordj El Kiffan vers l'aéroport. Les odeurs nauséabondes agressent les narines, alors que les crottes de moutons recouvrent les trottoirs. Des bottes de foin et des sacs-poubelles éventrés jonchent les chaussées. Ces amoncellements de détritus portent une sérieuse atteinte à la santé des citoyens et renvoie à des années lumière le slogan « Alger la Blanche » et porte un rude coup au semblant de festivités d'« Alger, capitale de la culture arabe ». Contacté, le wali délégué de la circonscription administrative de Hussein Dey affirmera que des directives ont été données aux services de sécurité, afin de fermer les locaux qui ne respectent pas la réglementation et de procéder même à des saisies. « Il n'y a aucune loi qui autorise les maquignons à squatter les artères de la circonscription, ni à écouler leurs marchandises dans des locaux commerciaux ». Notre interlocuteur précise que des lieux légaux clôturés pour la vente de moutons ont été installés dans tout le territoire de la circonscription. C'est ainsi que trois sites ont été aménagés dans la commune de Kouba, un seul site à Belouizdad, un autre à El Maquaria (Ex-Léveilley) et un dernier à Hussein Dey. « Nous avons même fait appel à des vétérinaires pour inspecter le cheptel », conclut ce responsable. Les questions qui méritent des réponses sont : quelles sont les raisons de ce laisser-aller de la part des pouvoirs publics et des services de sécurité qui ne semblent pas se soucier, outre mesure, de la santé des citoyens, de la propreté de la ville (qui se trouve être la capitale) et encore moins du bien-être de la collectivité ? A bon entendeur, salut !