Les manifestations du 11 décembre 1960 représentent une grande étape de la Révolution algérienne, dont l'impact médiatique et les réactions diplomatiques ont conduit à l'ouverture des négociations officielles entre le GPRA et le gouvernement français, a affirmé hier l'un des négociateurs des Accords d'Evian, Rédha Malek. M. Malek, qui animait une conférence à la veille du 47e anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960, à l'invitation de l'association Machaâl Ech Chahid, a estimé que ces manifestations et la répression qu'elles ont générée à travers le pays de par leur large couverture par les médias internationaux ont faussé tous les calculs au général de Gaulle. Il a rappelé que de Gaulle, qui voulait domestiquer la Révolution pour lui porter un ultime coup militaire, à travers les « fausses négociations » de Melun en juin 1960, l'appel à la « paix des braves » et la proposition de cessez-le-feu locaux, a mesuré son échec total après les manifestions qui ont commencé à Aïn Témouchent, le 9 décembre, pour s'étendre à toutes les villes d'Algérie les jours suivants. Le conférencier a également rappelé, selon l'APS qui a rapporté l'information, que les Européens d'Algérie (les pieds-noirs) qui avaient réclamé la venue au pouvoir de de Gaulle et des militaires ultras face à ce qu'ils considéraient comme un gouvernement faible de la 4e République, avaient tenté en l'invitant en Algérie, le 9 décembre 1960, d'instrumentaliser les Algériens à manifester à leurs côtés pour appeler à « l'Algérie algérienne ». « Or, ils ont vite déchanté et avec eux de Gaulle, lorsque les manifestants réclamaient l'indépendance de l'Algérie », a souligné M. Malek, ajoutant que de Gaulle qui pensait être venu en Algérie pour trouver une solution définitive à la question algérienne avait rencontré un peuple décidé à arracher son indépendance nationale. « Depuis cet échec, qualifié par un officier de l'état-major français de nouveau Dien Bien Phu psychologique, de Gaulle n'est plus revenu en Algérie », a fait savoir le conférencier, soulignant que « malgré ses tentatives de convaincre les Etats-Unis et d'autres pays de s'aligner aux Nations unies sur ses thèses vis-à-vis de l'Algérie, il n'a pas obtenu de soutien ». « Depuis, de Gaule a commencé à comprendre que la seule solution à la question algérienne réside dans l'ouverture de négociations avec le FLN », a dit M. Malek.