Pas moins de sept attentats d'une grande portée médiatique ont été perpétrés au cours de l'année 2007. Quatre à Alger. Le double attentat d'hier sonnait comme une violente et terrifiante réplique à l'annonce des services de sécurité de l'affaiblissement de l'organisation avec notamment l'élimination de Saâdaoui Abdelhamid, alias Abou Al Haytham Yahia, le bras droit de Abdelmalek Droukdel, dit Abou Moussab Abdelouadoud, chef d'Al Qaïda Maghreb. Frapper fort dans une zone censée être ultra sécurisée du fait de la concentration de représentations d'organismes internationaux et d'institutions étrangères semble être un argument assez solide que cette organisation sanguinaire est loin d'être agonisante. Au contraire, cela prouve que ses capacités de nuisance sont restées intactes et qu'elle dispose d'un champ d'action assez large et d'une liberté de mouvement et de moyens qui lui permettent d'atteindre sa cible. Cela a aussi démontré les limites du dispositif de sécurité mis en place voire même de la stratégie globale de la lutte antiterroriste. Le mode opératoire a été le même que celui des attentats du 11 avril dernier, qui ont ciblé le Palais du gouvernement et un commissariat de police dans la banlieue est d'Alger : toujours des véhicules bourrés d'explosifs lancés à vive allure contre les édifices ciblés. La même méthode a été utilisée le 11 juillet dernier, soit trois mois plus tard, contre une caserne de l'armée à Lakhdaria, localité située à 100 km au sud-est d'Alger. L'attaque suicide s'est soldée par la mort de dix militaires et de 35 blessés. L'arme du crime : un camion frigorifique chargé d'explosifs et lancé à vive allure contre cette caserne. Elle ressemble donc à celle employée dans le double attentat d'hier : une camionnette citerne, à en croire le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Le 6 septembre à Batna, un kamikaze s'est fait exploser au milieu de la foule venue accueillir le président Bouteflika qui était à son dernier jour de visite de travail à l'est du pays. Deux jours plus tard, le 8 septembre plus exactement, un attentat suicide a été perpétré à la voiture piégée contre une caserne des gardes-côtes à Dellys, dans la wilaya de Boumerdès, à 70 km à l'est d'Alger. Le modus operandi n'a pas changé. Ces attentats mettent à nu les défaillances des services de renseignements qui n'ont pas pu voir venir la frappe. Sinon, comment peut-on expliquer qu'à chaque fois les terroristes réussissent leurs attentats en procédant de la même manière ? La première mesure — apparente — prise au lendemain des attentats du 11 avril, qui ont fait 30 morts et plus de 200 blessés, c'était le renforcement des barrages fixes ou temporaires à l'intérieur de la capitale et dans toute la périphérie. En même temps, il y a eu le lancement d'une nouvelle campagne de sensibilisation, d'appel à la vigilance et à la contribution des citoyens dans cette lutte en dénonçant toute personne ou chose suspecte. Mais la stratégie mise en place semble butter sur notamment l'absence de renseignements. Le ministre de l'Intérieur a reconnu dans ses différentes sorties médiatiques que poser une bombe ou faire un attentat à l'explosif est quelque chose de « facile » aussi bien à Alger que dans d'autres wilayas du pays. Pour y faire face, il faudrait pouvoir les prévenir, ce qui ne pourrait se faire sans le renseignement, la filature et l'infiltration. Si le renseignement pouvait venir d'un simple citoyen, le reste du travail, difficile qu'il soit, relève bien de la mission des professionnels de la sécurité.