Le Club Excellence Management a repris son cycle mensuel de conférences mercredi dernier, avec pour invité le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa. L'assistance était fort nombreuse en dépit de la triste ambiance qui régnait sur la capitale en raison des lâches attentats terroristes commis la veille. Des actes inqualifiables que le ministre et le président de séance n'ont, du reste, pas omis de condamner. Il faut dire que les enjeux économiques et sociaux aux mains des secteurs de l'habitat et de l'urbanisme sont énormes et déterminants pour l'avenir du pays qui sera le reflet de la qualité du cadre bâti qu'on lui a préparé. Les capitaux pour le moins gigantesques (850 milliards de dinars) consacrés à la réalisation de logements et équipements sociaux, mais également à l'urbanisme, témoignent de la volonté de l'Etat de prendre à bras-le-corps le problème récurrent du déficit en logements sans pour autant sacrifier l'esthétique de nos cités. La mobilisation de 189 milliards de dinars pour le compte de l'urbanisme révèle l'importance qu'accordent désormais les pouvoirs publics à la qualité du bâti et à son insertion la plus rationnelle possible dans les tissus urbains existants. Outre les objectifs quantitatifs de construction de logements totalement ou partiellement financés par l'Etat (1 035 000 logements) qui sont, pour certains, largement atteints et, pour d'autres, bien engagés, le ministère concerné a également mis en chantier pas moins de 3200 équipements collectifs et engagé la révision de près de 790 plans directeurs d'aménagement urbain (PDAU). Noureddine Moussa a clairement affiché sa ferme intention de remettre de l'ordre dans l'acte de bâtir en améliorant la législation urbaine, les règles de la construction et le contrôle avec à la clé des sanctions plus sévères pour les contrevenants. Il compte également œuvrer à la professionnalisation des différents acteurs de la construction, de la promotion et de la gestion immobilière, en s'appuyant des corps de métiers qu'il aidera à s'organiser en associations. l a exhorté les promoteurs immobiliers à s'impliquer davantage dans la réalisation de logements promotionnels en se débrouillant eux-mêmes, comme le font tous les promoteurs du monde, les terrains à bâtir. « Un promoteur immobilier qui attend que l'Etat mette à sa disposition des terrains pour construire ne mérite pas le qualificatif de promoteur immobilier », a tenu à répondre le ministre à une question posée par un chef d'entreprise. M. Moussa a par ailleurs annoncé un changement de taille en matière de réalisation de cités d'habitat nouvelles, l'Etat prenant désormais en charge le financement des voiries et réseaux divers. Le spectacle désolant de logements achevés, mais inhabitables en raison de l'absence de viabilisation, est révolu car les VRD feront désormais partie intégrante de l'habitat. Il a également annoncé qu'un projet de loi contraignant les autoconstructeurs à parachever leurs logements dans des délais prescrits a été élaboré par son département qui le transmettra prochainement au gouvernement. L'adoption d'un tel texte, souhaité, selon le ministre, par le chef de l'Etat, contribuera à relooker positivement l'esthétique de nos villes gravement compromises par ces autoconstructions hideuses et, de surcroît, interminables. Il compte également accorder une importance toute particulière pour la gestion immobilière, véritable talon d'Achille, du parc immobilier algérien soumis à toutes sortes de prédation, faute de prise en charge. Une conférence nationale sera, annonce-t-il, organisée prochainement avec l'espoir de dégager des perspectives claires, notamment en matière d'administration d'immeubles en copropriété. M. Moussa a enfin mis l'accent sur la nécessité de valoriser le rôle des architectes et des ingénieurs dans l'objectif de promouvoir les capacités d'études, de contrôle technique et d'ingénierie de la construction en général, car, avertit-il, il y va de la souveraineté du pays. Parmi les nombreuses questions posées à l'occasion du débat, nous avons retenu celle ayant trait aux 900 000 logements inhabités dont le ministre reconnaît le fait, mais dont il attend le chiffre exact à la faveur du recensement général qui sera lancé dans le courant de l'année prochaine. Les résultats du recensement permettront de concevoir un plan d'actions en parfaite connaissance de la situation, a-t-il précisé. La question portant sur la nécessité de construire des villes nouvelles sur les piémonts limitrophes d'Alger et le long de l'autoroute Est-Ouest, pour désengorger la capitale a également retenu l'attention. Si pour le piémont de Blida, le ministre a évoqué le risque de glissement de terrain signalé par une étude préliminaire, il confirme par contre l'option Sidi Abdellah et Boughezoul pour lesquelles ont été dégagés 27 milliards de dinars au titre de leur viabilisation. Il y a enfin la question relative aux nombreux programmes de construction confiés à des entreprises étrangères, notamment chinoises, contre laquelle Noureddine Moussa s'inscrit en faux, en affirmant que seuls 8500 logements sur les 370 000 logements en cours de réalisation ont été confiés à des firmes étrangères. Plus de 26 000 entreprises publiques et privées algériennes, dont certaines enregistrent d'intéressantes performances, sont engagées dans la réalisation des programmes d'habitat, a-t-il tenu à préciser.