Le bras de fer engagé entre la directrice du musée national Nasreddine Dinet de Bou Saâda et un voisin du musée, pour un espace situé dans le quartier Lemouanine dans la vieille médina, est en phase de sa corser pour devenir un conflit insupportable pour les deux parties. La directrice, Mme Merzaka Hiouni, voulant lancer l'opération extension du musée, avait engagé la semaine dernière les travaux pour la clôture du fameux espace. Le voisin, Djaâfar Thamer, voyant que la clôture qui s'érige va non seulement lui soustraire un espace et affecter du coup la valeur marchande de son habitation en cas de vente, mais également lui murer la façade nord, condamnant de fait deux parties, l'une d'entrée et l'autre du garage, n'a pas manqué d'alerter les autorités sur l'illégalité de l'acte de construction, initié par la directrice du musée. Il est utile de préciser que M. Djaâfar dispose de deux façades, l'une au Sud sur la rue Ahmed Houhou et l'autre au Nord sur la rue Sidi Atia. En nous déplaçant sur les lieux, la tension était perceptible à vue d'œil. Les travaux de terrassement se déroulaient dans une ambiance crispée après les récurrentes menaces, dont ont fait l'objet l'entrepreneur et ses ouvriers au lendemain du lancement des travaux de clôture, nous dit-on au musée Nasreddine Dinet. Il nous a été donné de constater que l'espace, objet de litige, était entouré d'une structure métallique, bloquant la façade Nord de M. Djaâfar et soustrayant de la rue Sidi Atia une superficie de 286 km2. L'un des citoyens, habitant en face de cet espace, dira avec amertume : « L'appropriation d'une partie de la rue par le musée est injuste, du fait que nos enfants vont perdre cet espace qui leur était vital, eu égard à la rareté des aires de jeu dans la vieille médina. » « Chacune de deux parties campe sur sa position et avance ses arguments. Pour la famille Djaâfar, l'appropriation de l'espace destiné à l'extension du musée est truffé d'irrégularités », a soutenu Mohamed Djaâfer, notamment la non-conformité avec le plan directeur d'aménagement et d'urbanisme stipulé par l'article 38 du décret exécutif n°91-176 du 28 mai 1991. Le terrain, a-t-il enchaîné, objet de l'extension est domanial, dont l'affectation ne relève pas du P/APC, mais du wali. L'autre argument avancé par M. Djaâfar réside dans le passage unique de son raccordement des eaux usées au réseau d'assainissement de Sidi Atia. Et d'ajouter : « L'extension du musée, qui est une construction appelée à recevoir du public, nécessite le visa du service de l'Etat chargé de l'urbanisme au niveau de la wilaya, et non pas au niveau de la daïra, comme cela est stipulé par l'article 39 du décret exécutif n° 91-176 du 28 mai 1991. » « C'est faux, a rétorqué M. Hioun, au citoyen prétendant que cet espace était une aire de jeu pour les enfants. C'est en fait un lieu de stationnement pour les fourgons J9. C'est un espace utilisé pour le stationnement seulement. » Et d'ajouter : « La famille Djaâfer ne disposait pas d'une façade Nord, et au début de l'année 2000, cette famille a procédé à l'aménagement d'un garage et une porte d'accès débouchant sur la route Sidi Atia. Avant cette date, cette famille n'avait, sur la façade Nord, qu'une lucarne pour éclairer la cuisine avec la lumière du jour. » Quant à l'espace destiné à l'extension, il avait appartenu à la famille Legoui, avant de la rétrocéder au musée. Abdallah Legoui, l'un des propriétaires de cet espace, dira : « On avait trois habitations dans cet espace, qu'on a cédé au musée, après que l'APC nous ait octroyé en contrepartie 8 lots de terrain. » Et d'ajouter : « Cet espace a tout le temps appartenu à la famille Legoui, et a été cédé au musée sur la demande de l'APC de Bou Saâda. » Rekkai Hamid, chef d'atelier en charge de la restauration de la vieille médina, dira : « J'ai donné mon accord pour entamer les travaux de clôture, l'APC a délivré le permis de construire, et le musée a désigné une entreprise qualifiée, après une consultation restreinte pour qu'elle exécute les travaux. » « Pour ce qui est du réseau d'assainissement, la configuration est identique pour toutes les habitations de la vieille médina », a-t-il soutenu. « Depuis le lancement des travaux de clôture, nous dira la directrice du musée, la situation est devenue insupportable, voire inévitable, et qu'après avoir été caillassée dans mon bureau et à mon domicile, on a juré de me supprimer. » En l'absence de dialogue, la situation s'est aggravée. Chacune des parties a porté l'affaire devant la justice, l'une exige l'arrêt immédiat des travaux de clôture et l'autre, l'application de la loi dans le cas précis de menaces de mort.