Jeudi, la culture était au rendez-vous à Annaba. La direction de la culture s'est signalée en saisissant l'opportunité de la célébration du 4e anniversaire de la création de l'Institut régional de musique contemporaine et l'Ecole des beaux-arts de Annaba. Couleurs, sons, lumières et fraîcheur juvénile étaient au rendez-vous. Durant toute l'après-midi, le palais de la culture et des arts Mohamed Boudiaf s'était transformé en un haut lieu de rencontres de musiciens, de chanteurs, d'artistes peintres, d'acteurs et de comédiens. Imaginé par Driss Boudiba, le directeur de la culture, et élaboré par la direction de l'Institut régional, le programme avait été spécialement conçu pour attirer la foule dans une salle au « look eighties ». La salle possède une qualité de son que la directrice Djamila Menadjlia a su préserver, une bonne capacité d'accueil de quelque 3000 spectateurs, un espace scénique adapté à toutes les manifestations et une ouverture de scène hors pair. Et si les voix féminines et masculines ont été mises à contribution pour interpréter des chansons où se mêlent des airs locaux, nationaux, orientaux et occidentaux, les doigts agiles des jeunes artistes peintres n'ont pas chômé sur scène et dans le hall du majestueux palais. Sous les yeux des spectateurs et au gré des musiques et des chansons, les pinceaux trempés dans des pots aux multiples couleurs et animés par les artistes peintres de l'Ecole des beaux-arts virevoltaient sur les toiles en une danse de plaisir, d'émotion, de curiosité de découvrir ce foisonnement de richesses culturelles de notre jeunesse à l'imagination inépuisable. Une jeunesse enracinée dans son époque peuplée de figures souvent réalistes, parfois pittoresques qui, de bonne foi ou à dessein, donnent à leurs musiques, aux chansons, aux sculptures, aux peintures, une interprétation psychanalytique de leurs attentes, de leurs espoirs et de leurs ambitions. Beaucoup de ces jeunes peintres ont exposé dans le hall leurs œuvres harmonieuses et savantes. Leurs aînés y ont décelé une nouvelle sensibilité enrichie, préciseront-ils, d'un chromatisme resplendissant. Mais une après-midi avec le 115e numéro du Jeudi culturel de Driss Boudiba, est-ce suffisant pour faire connaître au monde d'ici et d'ailleurs tout ce trésor caché ? Ce petit espace, cette petite lucarne qui s'ouvre le temps de quelques heures, ne mérite-t-elle pas une plus grande disponibilité de ceux qui décident de ce que sera demain, la culture en Algérie ? Ce qui nous ramène à ces fameuses 4es Journées cinématographiques méditerranéennes de Annaba (JCMA) qui outre le cinéma, cumulent également d'autres activités artistiques dont le théâtre, la musique, la chanson, la sculpture et la peinture. Si l'on s'en tient aux engagements du wali exprimés devant les journalistes, quelques minutes après l'installation du comité d'organisation fin 2005, elles devaient se tenir en septembre 2007. Elles n'ont toujours pas eu lieu. Khalida Toumi, ministre de la Culture, en a décidé autrement. Il est vrai que Annaba, hier capitale de la culture, n'a plus d'avocats à même de plaider ce dossier, celui du Festival national de la musique, de la chanson et de l'habit traditionnel, celui international d'Hippone, et bien d'autres activités culturelles d'envergure nationale et internationale. Le réquisitoire de Khalida Toumi contre tout ce qui est manifestation culturelle nationale ou internationale à organiser à Annaba, semble être sans appel. D'où la disparition, l'irrégularité ou le confinement d'un rayonnement local de manifestations chichement financées par la commune chef-lieu de Annaba. Et on parle d'Alger, capitale de la culture arabe 2007 ?