Depuis hier, toute activité dans la wilaya de Béchar semble être suspendue à l'unique préoccupation et souci du père de famille pour l'acquisition à bon prix du mouton de l'Aïd El Adha, fête qui sera célébrée dans quatre jours. Au Sud, aucun attaché à la tradition n'oserait se dispenser du rituel de ce sacrifice millénaire, quitte à s'endetter pour apporter surtout la joie aux enfants impatients de voir le père introduire la bête au domicile. Des cargaisons de cheptel ont déferlé sur le chef-lieu de wilaya depuis vendredi dernier, venues de toutes les régions des Hauts Plateaux. Alors, fonctionnaires, enseignants, simples travailleurs, désertant souvent leur travail, sont présents dans la matinée et l'après-midi dans les marchés à bestiaux pour évaluer les prix pratiqués. Au sujet de cette cargaison de cheptel qui arrive, il est pour le moins difficile d'arrêter un chiffre tant il est remis en cause mois de vingt-quatre heures plus tard par l'arrivée soudaine d'autres bétails. Mais, malgré cette quantité de moutons en vente dépassant largement, selon des avis partagés, celle de l'année dernière, une simple virée aux marchés à bestiaux, que ce soit à Débdaba, à Djénane Diffallah où à Bechar Djédid, donne une idée sur les prix pratiqués qui accusent une légère mais insignifiante baisse par rapport à l'an dernier. Ainsi, un bélier pesant entre 25 et 28 kg n'est pas cédé à moins de 23 000 DA, avec toutefois une légère variation d'un marché à un autre. Mais les initiés se perdent dans la règle de la commercialité en ce sens qu'ils constatent que les marchés à bestiaux regorgent de moutons mais que les prix demeurent « excessifs » pour les ménages à revenus modestes. Les simples salariés pères de familles nombreuses, formant la grande majorité des acquéreurs, n'ont d'autre choix que de se rabattre inévitablement sur l'agnelle pesant entre 14 et 16 kg et dont le prix est relativement abordable, oscillant entre 12 000 et 15 000 DA. Pour expliquer cette situation, un maquignon déclare que le prix du mouton restera invariable tant que les tarifs élevés des aliments de bétail (son, fourrage et orge) connaissent, d'après lui, une hausse constante.