À huit jours de la fête rituelle de l'Aïd El Adha, une virée aux marchés à bestiaux de Débdaba renseigne sur la folie des prix du mouton, cette année. Préoccupé ces derniers jours par l'actualité du football qui a éclipsé tous les événements et polarisé l'attention du pays, le père de famille aura du mal cette année à payer la somme de 35 000 DA pour un bélier pesant entre 25 et 27 kg ! La région de Bechar n'étant traditionnellement pas productrice ni d'élevage de cheptel et la population du Sud très attachée au sacrifice rituel du mouton est désemparée face à cette cherté qui reste inexplicable. Les cargaisons de bestiaux, venues des régions des Hauts-Plateaux et qui sont déversées dans la capitale du Sud-ouest depuis une semaine, n'auront pas suffi à infléchir les prix dans le sens de la modération. Un père de famille au revenu mensuel modique affirme qu'il n'a pas d'autre alternative que de s'endetter pour apporter la joie à ses enfants impatients de voir introduire la bête à sacrifier au domicile. D'autres acquéreurs vont certainement, comme d'habitude, se rabattre sur l'agnelle dont le coût est relativement abordable car variant, selon le poids, entre 15 000 et 20 000 DA. Mais, pour d'autres acheteurs rencontrés aux marchés, la logique voudrait que cette année le prix du mouton soit à la portée de la majorité, étant donné les fortes pluies incessantes qui se sont abattues sur l'ensemble du pays en 2008, entraînant sur leur passage des immenses espaces de végétations abondantes. Mais pluies abondantes ou sécheresse, la logique semble avoir déserté depuis des lustres aussi les milieux pastoraux car les éleveurs avancent toujours l'éternel argument de la cherté des aliments de bétail qui justifierait cette flambée de prix du mouton.